L’Invasion Séductrice

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Chapitre I
Le Désastre, Après.

Les cieux d’un teint galvanizé donnait comme toile de fond aux Hautes-Terres de Darion une allure apocalyptique, n’offrant aucune lueure d’espoir aux pauvres paysans.
S’affairant à rappatrier le peu de leur effets ayant subsister à la finalité de la Grande Guerre Noire, leur infortune ne leur laissait qu’une moisson ayant fait pousser que cadavres et armures, des bannières et montures. C’est toute humectée de sang que fûrent les fruits de leur récolte en cette funeste saison. Tandis que des esprits de tourmente hantaient déjà les champs, les consciences des nations de Merved étaient toutes empreintes de chimères et désolation.

La colère des dieux avait parlé, dès lors, les lendemains seraient assombris de la faute. Une nouvelle ère était née, la barbarie marquant le premier jour de son calendrier. Les armées et cortèges entâmant leur exile, toutes les cavaleries regagnaient tête basse et le coeur flétri leur foyer délaissés pour les armes. Seuls demeuraient les accablés des Hautes-Terres, ces paysans dépouillés n’ayant maintenant que pour foyer une rancoeur grandissante d’avoir été l’hôte du pire désastre jamais connu, de la pire insulte jamais commise.

Le neuvième jour suivant les derniers faits d’armes de cette guerre éternelle, un contingent d’hommes se détacha du fil de l’horizon et vint d’une langue habile, inspirer les réels perdants de la Grande Guerre Noire. Mené de l’auguste dauphin du nom d’Isaac Asimov, cette troupe arborant des couleurs cramoisies vint recruter les hommes pour qui la guerre avait tout pris. D’un discours aux promesses d’avenir et de vengeance, Asimov rallia les derniers hommes des Hautes-Terres de Darion sous son aile, ceux-ci bénéficiant d’une asile confortable offerte par Minheld et le clan de la Lance de Feu. Une ère nouvelle était née, enterrant à son aurore le passé des Hautes-Terres et éclipsant ainsi de la mémoire collective ce que fut la nation de Darion. Un tout dernier cortège défila alors l’horizon, abandonnant les terres des patriarches aux corneilles et aux esprits errants.

La procession vers Minheld offrit aux paysans le deuil puisqu’Isaac lui-même leur offrit une identité et une profession nouvelle. De piètres fermiers, ils devinrent guerriers au coeur brûlant de rancoeur, avancant tête haute vers la promesse d’une revanche historique. L’accueil grandiose des troupes survivantes en Minheld insuffla l’espérance aux fantassins, soulignant non seulement leur noble rapatriment mais également l’adoption d’alliers à la métamorphose mystifiée. Tous les membres du clan de la Lance de Feu furent alors convoqués en un urgent concile ayant pour sujet l’arrogante inspiration de leur souverain, un rêve de grandeur aux attraits idolâtres. Isaac Asimov savait parler, savait convaincre. Omnibulant son public d’un discour aux charmes et aux promesses de félécité, il parvint à persuader ses troupes d’entâmmer une nouvelle marche, celle-ci vers la conquête des terres nordiques, établissant ainsi la notoriété et la suprématie des hommes d’Asimov, nom du nouvel empire qu’il désirait former. C’est sous les ovations fanatiques, les acclamations unanimes et une Lance de Feu au coeur conquis que pris fin cette assemblée au serment falacieux. Dès le jour suivant, la marche serait lancée. Asimov et les siens, tous animés d’un zèle délirant, levèrent les voiles sur leur continent, s’élancant dans une épopée mégalomane.

Chapitre II
L’Invasion Séductrice.

Voguèrent alors frégates et vaisseaux sur les flots de la mer du Wiverne, bravants la houle et le tonnerre des dieux des eaux, frayant une route certaine entre les lames des vagues meurtrières et les récifs assassins. Les navires aux voiles écarlates dévalèrent les côtes en se moquant de la violence des aquilons nordiques, l’arrogance avec laquelle ils progressaient les flots tenait presque de l’irréel. Astrologues, prêtres, sorciers et devins, ayant tous fusionner leurs arcanes afin de former un puissant éclectisme, parvinrent de leur sombre magie, à propulser le cortège naval d’une mistral enchantée, d’un vent au souffle irrascible. La Wiverne, la plus redoutable et impraticable des mers de Merved, parvint à peine à offrir une riposte respectable pour entraver la fanatique ascension de la Lance de Feu. En un temps impossible, les embarcations longèrent les golfes d’Azuria puis atteignirent les berges de Neib. Les troupes établirent alors leur quartiers sur les grèves de la plage de Gadàndrüll, ruminant et élaborant en leur esprit pernicieux des tortures et menées militaires pandémoniaques. L’abordage n’ayant curieusement point susciter de tumultes ou de rumeurs en Neib, les hommes d’Asimov purent bénéficier d’un répis afin de ravitailler leurs corps meurtris du voyage, et ce, sous le cuisant soleil de Gadàndrüll, plage unique épargnée de la morsure du froid des neiges. Alors que les membres du clan effilaient lames et flèches et vidaient flasques et barils, Isaac ainsi que son lieutenant premier, Lerxel Anseloch, se dérobèrent du lot et prirent direction de la bourgade avoisinante. Isaac désirait déployer devant les yeux de Lerxel l’envergure de sa suprématie. Aux pieds des murs de la ville d’Effatah, il convoqua Queol Aodhànn, le seigneur nain de Neib, en époumonant son nom avec grande effronterie. Fantasque et orgeuilleux, il intimida d’une force inexplicable les gardiens des portes et les archers des parapets, ceux-ci tous transis d’épouvante devant l’éloquente oraison de leur visiteur. Les deux hommes attendirent donc patiemment que le monarque de la citée naine pointe sa couronne, restant debouts et immobiles durant de longues heures, le temps qu’un envoyé quère le souverain.
C’est au crépuscule que scintilla enfin le diadème de Queol du haut des remparts. Isaac Asimov aurait alors dans une rhétorique falacieuse, humilié et injurer le roi face au précieux temps qu’il lui avait fait perdre. Ce dernier, atteint d’un soudain mutisme, se laissa engueuler tel une vulgaire épave malgré la réputation du caractère de sa race. Asimov se lanca ensuite dans une rafale de propos menacants et prétentieux, jurant d’envahir Neib en une guerre dévastatrice tout en veillant à martyriser et tortionner les filles d’Aodhànn ; blasphème ultime envers sa majesté. Pétrifié et ébranlé de tout son être, Queol Aodhànn, roi de Neib à la verve innépuisable, nain au courage draconnier et au caractère volcanique aurait alors glappi de peur, cédant lâchement à Isaac Asimov sa couronne d’un lancer maladroit. Le tintement sourd de l’or sur le pavé résonna en le coeur des témoins tel le carillon de la perdition, la guerre était perdue sans même n’avoir commencée. Asimov avait ébranlé le coeur de pierre du nain roi. Il fit ouvrir les portes de son nouvel empire puis envoya Lerxel chercher ses troupes. Tout sourire, il parada seul et fier dans les rues d’Effatah, sa nouvelle conquête, la première pièce de son royaume. La ville et l’immense forteresse de Grimaad’Rlok, joyaux nain figé dans les glaces, étaient maintenant siens et ce sans même le son d’un cor. Roi, détenteur de la ressource première de diamants en Merved et commandant des armées naines aux barbes blanches, Isaac Asimov étoffait maintenant une notoriété sans équivoque.
Neib était tombée, l’invasion séductrice était lancée.

Chapitre III
La Bataille Des Terres Souillées

Les temps suivant, Asimov parvint à calmer la tempête de ses hommes, ceux-ci animés du courroux de n’avoir pût assouvir leur soif de mort sur Neib.L’ordre revint donc rapidement et ce dès la première assemblée générale ralliant maintenant les armées naines à la Lance de Feu. D’un nombre colossal, la nouvelle armée d’Isaac Asimov avait désormais de quoi faire trembler n’importe quelle nation. Des semaines d’entraînement intensif suivuirent les festivités de la création du pays d’Asimov, entraînements où se formèrent la hiérarchie des pelotons et les tactiques guerrières. L’objectif prochain étant Bagoh, la préparation à l’invasion massive s’activait fixement. Tandis que les forgerons et miniers transfiguraient les diamants en pointes de lances et de flèches, les thaumaturges mettaient tous au point des sorts collectifs aux puissances incomensurables. Les bataillons fins prêts, une marche au rythme synchronisé aux battements du coeur maniaque d’Isaac débuta en direction de Bagoh, martellant la terre d’une assurance aussi froide que les neiges des Monts Blancs.

Fusèrent les pluies de flèches et de globes de feu sur les premières villes, toutes broyées de torrents et d’assauts meurtriers laissant une odeur de chair brûlée comme seule souvenance. Asimov et la Lance de Feu ravagèrent les petits bourgs sans même arrêter leur marche, puis fondirent sur la métropole et dernière résitance de Bagoh ; Oféliz. Reconnue pour le profond sens sacré et la sainteté de ces terres Oféliz était, selon les croyances, citée bénie des dieux et sous l’oeil attentif des avatars nordiques. L’idée alléchante de tourner en outrages la prunelle des dieux devint vite la motivation première de l’armée, offrant des attaques successives et sempiternelles sur tous les fronts de la ville mise à feu. Pendant plus de cinq jours Asimov et les siens terrassèrent Oféliz, ne gardant pour captifs que les prêtres et les vierges hiérophantes du dieu Pelor. L’offense ultime envers les divinités vint lorsque Lerxel Anseloch s’empara du seigneur pontife d’Oféliz ; Manuvan le Céphéïde. Il fît traîner le plus grand prêtre de la contrée face première sur les routes rocailleuses et glacées de la citée et ce jusqu’à la place publique. De là, suite à une cascade d’injures et de flagellations, il l’empala de sa lance qu’il fît lévitée. Sous un commandement sinistre, il fît alors embrasée sa lance par l’un des sorciers du clan, celle-ci carbonisant le pontife de douleurs atroces.
C’est également dans d’inhumaines tortures et rituels blasphématoires que le reste des ministres de la magie de Bagoh poussèrent leur dernier cris, tous cruellement martyrisés par les assaillants aux désirs pervers et à l’arrogance profane. Campant maintenant en des terres sillonnées de buchés, d’autels viciés et de sanctuaires débauchés, l’armée d’Asimov se reposa et tous ses membres savourèrent leur part du buttin en cette victoire irréfutable.C’est ainsi que, sous le regard implorant du dieu Soleil, eut lieu la Bataille des Terres Souillées, faisant dès à présent Bagoh récipiendaire du pseudonyme de la Citée du Deuil.

Chapitre IV
L’Alliance Royale

Alors qu’Argoth des Elfes Gris formait déjà avec les siens un premier poste de défense aux frontières de Duaure, l’armée de la Lance de Feu menée en tête par Isaac lui-même progressait vers la dernière résistance; Duaure, le Puit des Étoiles. L’armée dessinait de ses couleurs incendiaires l’horizon du Nord, rappellant une mer de feu s’apprêtant à déferler sur les citées des Elfes Gris. Tandis que Milidris et Mithirian, empereurs des elfes au teint de pierre, avaient quittés la patrie depuis déjà de trop longs jours, Asimov et les siens se rapprochaient dangeureusement et la musique de leur marche faisait naître dans les coeurs de la peuplade convoîtée, la frayeur grandissante d’un jugement dernier. Milidris atteint Azuria et fît résonner les portes d’Einthalias, la tour en obsidienne de l’archimage Loej Iwëm. Le suppliant de déployer un contingeant de ses meilleurs lanceurs de sorts, Milidris parvint à éveiller la compassion de Loej au point que celui-ci accepta et pris contact avec Balwin Von Reyäs, roi du pays d’Aeth. Ce dernier ayant déjà été informé de la situation de guerre par Mithirian, Von Reyäs s’enquit de soumettre ses bataillons pour soutenir la noble cause duaurienne. Ainsi donc, l’Alliance Royale était formée, ralliant Azuria et ses meilleurs élémentalistes, Aeth, son armée et la garde personnel du roi Balwin; les Clercs de Von Reyäs. Alors que les batailles eurent déjà éclatées au Nord, déssimant les rangs d’Argoth et les contraignant à la retraite, l’Alliance Royale pressa le pas à la vue des fumées s’échappant des tours elfiques de Fazorin, monuments sacrés du peuple des Gris. La résistance pliait, les Elfes parvenaient malaisément à contenir les assauts d’Asimov. Retentit alors l’écho du cor des Empereurs; promesse de la venue des renforts du Sud. Isaac et les siens maintenant en enserrés en une souricière, métigés entre les Elfes Gris et deux de leurs créatures draconiennes ainsi que les vagues d’hommes de l’Alliance Royale, la balance sembla peser à contre-sens. Asimov dût alors déployé toute la gamme de sa puissance pour résister à cette position précaire. Tandis que Lerxel menait les arbalétriers et les lanciers au front, Isaac guidait les ensorceleurs à éxécuter le stratège. À toutes les sphères de feu qu’invoquait un magicien, les lances endiamantées des guerriers s’enflammait et ce sans brûler leur détenteur. L’astuce portant fruit, les flammes dévastatrices d’Isaac et les siens parvinrent à faire tomber de nombreux seigneurs de guerre sous la proie des flamme.Ne semant toutefois pas un coup d’éclat suffisant pour reprendre la gouverne de cette guerre, Asimov résistait par contre avec adresse. C’est alors que les troupes des Gris se rappatrièrent pour prendre d’assaut le flanc droit de la Lance de Feu, provoquant ainsi avec le positionnement des membres de l’Alliance une impulsion mouvante, leur imposant les frontières de Bagoh.

La nuit venue, les sorciers d’Azuria quittèrent les rangs pour sillonner les champs de batailles, allant créer des cadavres jonchant les neiges des golems de chairs, armes massives pour assénner un coup ultime aux lignes ennemies. Des éclaireurs habiles ayant trouver des failles dans les formations naines de la Lance de Feu, l’Alliance Royale parvint à déployer en cette nuit fatidique une troupe pour effectuer une attaque surprise. Comprenant les empereurs elfiques, Argoth, Loej, ses disciples , les Clercs de Von Reyäs ainsi que des golems de chairs, l’incision nocturne parvint à déstabiliser les conquérants au point de défaire leur formation en entier. Les assauts se multiplièrent alors de la part de l’Alliance, souhaitant mettre fin à cette guerre le plus tôt possible. Puis, dans une dernière et ultime tentative de survie, Isaac clama des incantations lucifériennes qui eût pour effet d’enflammer une fois encore toutes les lances de ses hommes. Les ensorceleurs de ses contingeants déversant une pluie de flammes sur les assaillants, l’incandescance de l’attaque éblouit l’ennemi au point que dans l’affollement, les golems se retournèrent contre les leurs. La ruse des lances embrasées ayant été étudiée par Loej lors de sa première invocation, l’archimage entonna d’une voix surpuissante un chant dans la langue des Premiers Elfes. L’incantation eût pour effet de faire léviter les lances de braises et de les maîtriser. puis dans un volée meurtrière, les retourner contre leur possesseur. Manuvan le Céphéïde et le dieu Pelor vengés, voilà que tous les porteurs de lances de l’armée d’Asimov se virent empalés de leur propre lance incendiaire. La caballe des derniers hommes aux tabars de feu trouva solde en un bain de sang, puis l’assasinnat d’Isaac Asimov fût accompli par Erenthiel Leÿvah, un elfe nordique à la chevelure azurée prêtant mains fortes à ses cousins de race.

C’est ainsi donc en cette nuit historique que prit fin la délirante épopée d’Isaac Asimov, laissant découvrir au levé de son jour un champs de lances noires aux frontières de Bagoh. Ces reliques calcinés par la déraison de pouvoir de celui qui fût nommé le Séducteur, serait encore de Azimov-firenos jours, symboles mythiques de la colère des dieux et de la domination incontestable de l’Alliance Royale. Depuis cette funeste époque, Aeth s’est approprié la Couronne du continent, s’improvisant en tant qu’empire protecteur de la justice et des affligés. Bien qu’ayant subit de lourdes pertes, Duaure se remit de la guerre et repris vite sa floraison et sa prospérité. Neib pour sa part, retrouva certains des survivants à la barbe blanche de cette guerre, ceux-ci se demandant encore aujourd’hui la raison de leur folle alliance et de la faiblesse de caractère de leur défunt seigneur.

Isaac Asimov eût avant sa mort trois fils, ceux-ci ayant repris les commandes de l’empire déchu et s’affairant à rebâtir les citées détruites par leur propres ancêtres. Encore de nos jours, un vieil adage nordique est souvent mentionné lorsque l’on fait allusion à l’Invasion Séductrice d’Isaac Asimov ou a un plan d’allure mégalomane, celui disant qu’à force de jouer avec le feu, on finit par se brûler…

Michaël Fontaine

Scénario, Panthéon & Système de Magie