Lhrinshabelle et les Amants de Givre

Le Mont Lhrinshabelle : Morne Duaurien situé aux frontières de Risnell, la citée gnome. Reconnu pour ses belvédères antiques offrant un panorama somptueux des Mers de Glaces et de Duaure, le Mont Lhrinshabelle est également réputé comme étant la scène où prit lieu la légende des Amants de Givre. Récit relatant d’un jeune couple d’elfes éperdument amoureux qui, par un radieux jour d’hiver, serait aller tracer des anges dans les neiges du Mont Lhrinshabelle et y consumer leur amour. L’intensité de l’instant aurait déclencher une avalanche et enseveli la demoiselle. Son amant, enseveli de chagrin, aurait patienter des lunes sans bouger, y givrant de tout son corps. D’autre version raconte qu’il s’y serait pendu à un saule. Dans toutes les versions de ce conte, on déclare que les spectres des Amants de Givre rôdent le mont Lhrinshabelle et, lorsqu’aperçu par les voyageurs et alpinistes, provoquent chez eux le dévoilement de leurs secrets et leurs peurs, affichant ainsi au grand jour le fond du cœur de chacun, comme l’évoque l’histoire de ces jeunes amants.

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Les Amants de Givre

Ils y oublièrent l’aurore et les prénoms
Nageant dans la neige y empreignez des anges
Leurs langues au ciel, happant les flocons
Reproduisant les rires de leurs jeunesses blanches

Ils entrelacèrent leurs buées et leurs joues rouges
Cheminant Lhrinshabelle jusqu’à l’épuisement
Leurs corps chauds et leurs ailes qui bougent
Sublimèrent la neige de son ventre croulant

L’avalanche ensevelit la toute belle, il frissonna d’émoi
S’éternisant sur le mont jusqu’à ce que ses cils s’y givrent.
Son amour et ses mains s’ankylosèrent sous l’insistance du froid
Il la rejoint pour naviguer les mers de neiges jusqu’à leurs rives

Ils y oublièrent l’aurore et les prénoms
Nagèrent dans la neige pour y devenir des anges
Yeux au ciel, le cœur en déflagration,
Avant de mourir, il l’enneigea de louanges

Leur angélus y vrombit, marié des sérénades de l’ocarina,
Résonnant sur des parois constellées de lierres.
Au fond du Puits où se fusionnent flammes et froid,
Se mêlent de vaseux printemps à de fastes hivers.

Les parois rutilantes reflètent la verdure,
L’écho de ses prières se fait guttural et rauque.
L’éclat louche des neiges devient obscur,
L’oubliette mirifique croupie et tombe au glauque.

L’abysse aux merveilles, tombeau des amours pendus,
Là où leur féerie s’est enlacée de l’horreur.
Tréfonds, spectres et phobies y sont mises à nues,
L’abysse aux merveilles dite le fond de leur cœur.

Et de leurs baisers exhaustifs et de ses cils givrés
Les neiges séraphiques en gardèrent à jamais la livrée.

Lizandel Encresang

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Les Oltrïeks; taraudeurs des mondes.

Lors des Préambules du Monde, alors que le plan de Merved n’était encore que des flots d’énergies mariant le mana à une matière convulsive qui prenait progressivement forme, le dieu Vanaleh, entité formé de douze vieillards identiques, et source même des courants de mana et de toute magie, en vint à engendrer les premiers dieux, ces primautés, celles-ci provenant des plus puissantes sources de mana, soit Fhan et Lumya, Vanaleh est connu comme le Pèlerin, puisqu’il parcourt les plans et y sème mana et magie. Onze des douze forment une marche constante dans les Vallées de l’Éther et tous les plans, en portant un humble et rustique trône sur lequel siège le douzième, soit la Mana au trône selon les cycles. On dit que la rotation au trône est faite de cycles aux mathématiques très complexes déterminent lequel de leur nombre siège et que ceci permet qu’une parfaite harmonie règne dans les flots de mana
De Fhan et Lumya naquirent bon nombre de divinités et races, et l’un d’entre eux, Kolohi, père des saisons et de la Nature, fut celui donnant naissance à une race responsable de l’entretien et l’équilibre d’Elyras; les mers de mana. Cette race fut nommé les Oltrïeks, ils se virent confié la lourde tâche de veiller à la saine création de Merved en harmonisant les courants des fleuves souterrains de mana, l’irrigation des plans des airs et l’équilibre des éléments. Ce sont donc eux les principaux acteurs dans la création du monde de Merved, ayant fait en sorte que naissent les continents, les mers et les saisons. Parcourant le plan, ils créèrent des accès

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mystiques de sortes que puissent être optimisé les flots de mana et parvenant même à en faire des portes donnant accès non seulement en d’autres lieux de Merved, mais également à d’autres plans susceptibles de venir harmoniser Merved. Responsables du plan de Turuaak, les Écluses permettant la navigation et la distribution des flots de mana de Vanaleh, ils sont seuls à y avoir accès.

Les oltrïeks édifièrent les «Doulh’Vanaleh», ces bassins mystiques que l’on retrouve dans des grottes secrètes et autour desquels de larges colonnes et obélisques font office de catalyseurs. L’eau de ses bassins est toujours d’une pureté éclatante, celle-ci constamment purifiée par des irrigations de mana. On dit que de s’y émerger entraîne de multiples miracles, tels des guérisons et des visions des créatures des autres plans. Les doulh’vanalehs permettent également un voyage bien précis, lorsqu’est entamé une nage vers le fond du bassin, les voyageurs pénètrent d’autres plans qui eux se situent non pas dans les Vallées de l’Éther mais bien en Merved. Donc des plans dans un plan. Ces plans-là devinrent pour la plupart des lieux de résidences des Oltrïeks, puisque les races des Elfes Premiers étaient maintenant présentes sur le plan de Merved, et bien que l’entente était parfaite avec ces races d’elfes, les Oltrïeks devaient se distancer des mortels. Ces êtres sont si particuliers, dans le sens ou tout leur être est composé de force vitale brute, si puissants qu’il peut être dangereux de les côtoyer trop longtemps, puisque le mana à bien-sûr des aspects bienfaiteurs infinis, mais sa force peut altérer les choses et provoquer des effets néfastes.
Les Oltrïeks créèrent également des accès aux Shoulvaïrah à partir de Merved, des puits pour la plupart, chacun situé dans les différents lieux des continents, permettant un voyage non seulement entre les différents plans mais également entre les pays de Merved en un rien de temps engendrant un système secret de téléportation instantanée avec un autre puits de Shoulvaïrah. Les Shoulvaïrahs sont de plus des monuments ou des artefacts prédestinés à harmoniser les flots de mana, a puiser à la source où même à en contrôler les directions, permettant ainsi d’alimenter à leur guise les différents lieux et faire naître des jungles luxuriantes, des océans infinis, des îles volantes, etc. Ces monuments sont tous uniques et leur existence est, pour la grande majorité, demeurée secrète, puisque de telles créations pourraient vite semer le chaos si elles étaient utilisées par une autre entité qu’un Oltrïek.

Lors de la Guerre de l’Ithrildur, de nombreux Oltrïeks furent abattus et emprisonnés dans des cubes. Toutefois, leur constitution étant si forte, le plan de Merved était pour eux une source infinie d’énergie, nombre d’entre eux quittèrent tout simplement la surface pour se réfugier en des plans de Doulvanalehs, se distançant ainsi des nouvelles races chaotiques et leur permettant de continuer leur travail de constante restauration du plan. Une forêt était abattue, les Oltrïeks irriguait le mana de sorte que de cette terre renaisse la vitalité de la Nature. Neutre-Bon, cette race interagit habituellement de sorte que l’équilibre soit respecté et que la force de la Vie puisse demeurer prospère. Ils ont des connaissances infinies, une sagesse sublime et une puissance ineffable. On dit que leur squelette est fait à même l’ithrildur et que leur conscience est inaltérable, faisant de tout l’univers les créatures sur lesquelles il est plus sûr de se confier. Les plus célèbre d’entre eux, Bephtali et Tahraa, représentent deux des êtres les plus puissants et influant de l’univers.

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Les premiers pétales de la Rose de Sang

I

Mon nom est Loubos Theldrea et voici mon histoire. Je suis de Minheld, de ceux qui n’ont pas eu l’auguste chance d’être né au-delà de la colline, c’est-à-dire d’être du rang des familles nanties et hautaines de notre patrie. Ma mère, Belagnès, travailla toute son humble vie comme blanchisseuse dans les buanderies du palais Emilix, demeure de notre reine Ausgarde Fanidolfalon et castel encastré dans les entrailles du mont Elab, hôte des mines naines d’Olorïn.

Mon paternel, Danaclay Theldrea, était un homme natif de Ruzad, empire rival de Minheld. Il travailla longtemps à titre d’écuyer rose-de-sangpour les Werwyms, soignant les nobles montures des pantins de la reine, leur donnant une nourriture plus propre que celle que ma mère et lui parvenait à mettre sur notre table. Dans ses vieux jours, il eut la promotion d’enseigner le tir à l’arc aux jeune de l’académie des Werwyms, ayant prouvé son talent en emportant le tournois de la Cible Volante quatre années consécutives. Pour ma part, je grandis dans les ruelles de la Basse-ville, ayant comme ami et seul allié Frei Oloen, lui aussi enfant des Pavés de Poussières. Je grandis avec une rancœur omniprésente en mes veines, car d’aussi loin que je me souvienne, les familles de nos quartiers furent toujours victimes d’injustices flagrantes de la part de notre reine, elle, l’avide et précieuse au cœur autolâtre. Il arrivait que mon père me raconte des légendes de Ruzad, toujours empreinte d’intrigues et où les héros, des roublards disciples de Mask, l’emportait toujours en se riant des nobles et de leur bonheur empreint d’artifices. J’ai nourri le rêve depuis ma tendre enfance d’être moi aussi, un jour, un de ces héros à l’esprit fin, un de ces filou qui rendrait aux ploutocrates la monnaie de leur pièce. Frei et moi s’improvisions des costumes, des armes et des plans pour des pilles amateurs, créant inconsciemment le chemin de nos jours prochains, alimentant le feu de nos désirs larcins.

II

Le temps passa et me pris mon père, alors que j’avais 18 ans. M’étant depuis peu rapproché de lui tandis qu’il m’enseignait la mire et l’archerie, il nous quitta en succombant à ses maux, atteint des affections que seuls la peuplade des Pavés de Poussières attrapaient, autre déloyauté de notre statut. L’heure n’était plus aux vulgaires vols de breloques des riches étourdis par Frei et moi, le salaire de mon père en moins, je devais rapporter plus, sinon ma vieille mère se tuerait à multiplier le temps supplémentaire au palais. Je quittai pour Ruzad pendant deux années, faisant parvenir l’argent amassé à ma mère par l’intermède de mon oncle, celui-ci voyageant souvent jusqu’en Minheld. J’avais trouvé asile dans un cabaret nommé ‘’ Le treizième coup’’, là ou je servais les chopes au public venant assister aux prestations théâtrales se déroulant sur la scène du bistrot. On y jouait du burlesque, de la comedia dell’arte et des farces toutes excellentes les unes que les autres. J’étais stupéfait par le monde des arts dramatiques, et particulièrement par la grâce avec laquelle jouait un certain barde du nom de Dhyluiel Gamacha. Alors que je m’affairais, en fin de soirée, à ramasser les chopes vides des spectateurs conquis, Dhyluiel s’adressa à moi et m’invita à passer les auditions pour la prochaine comédie que sa troupe montait. Ce que je fis avec grand honneur et comme la vie arrime biens les rencontres, j’obtins la réplique de Dhyluiel et devint vite son complice. Il m’appris que la majorité des spectateurs étaient en fait de ses amis, des roublards tout comme lui qui étaient devenus avec le temps, maître de l’art de Mask. Il m’apprit à penser en stratège, à jouer la comédie et le drame dignement, à entraîner mon corps au saut, à l’acrobatie et à la subtilité afin de peaufiner mes talents de voyou. Deux années de discipline, de vols hauts-en-couleurs, de théâtre audacieux et d’amitié sincère.

Puis, Dhyluiel m’annonça que la troupe se lançait en tournée avec la nouvelle comédie qu’il venait d’écrire, m’invitant à les suivre dans leur périple à travers les bourgs. Toutefois, ma mère et Frei hantait mes pensées, je déclinai à contrecœur l’offre et lui fit mes adieux, quittant Ruzad pour retrouver ma terre natale, les Pavés de Poussières où j’avais grandi. Je renouai rapidement avec Frei, lui racontant de long en large mes enseignements, mes vols, mes pièces et mes réussites. Lui aussi s’était entraîné durant mon absence, il avait acquis un talent certain au vol à la tire et s’était confectionner des outils pour crocheter n’importe quelle serrure. Une année passa, ou nous formions un duo de voleurs impeccables, développant adresse et complicité de nuit en nuit.

III

L’équinoxe de printemps à nos portes, Frei et moi avions décidé de faire le grand coup. Puisque la récente annonce de la reine de célébrer la saison nouvelle par un banquet grandiose, invitant tous les couronnes des environs à venir assister à un bal luxueux nous avait rallumé les feux de rancœurs de notre enfance, banquet qui se voulait l’apogée à l’injustice qui régnait en Minheld depuis un nombre incalculable de lunes, puisque tout cet or investi en une soirée mondaine ne serait pas réparti tel qu’à l’habitude aux pauvres de la Basse-Ville. Le plan était le suivant : ma mère nous fournirait des costumes de valets qu’elle prendrait de la buanderie, Frei et moi serions présents au banquet en tant qu’infiltrés afin de dérober à toutes ces crapules corrompues la prunelle de leurs bourses.act_of_war_by_pe_travers-d3bp3pi

Alors que les carrioles et pompeuses voitures sillonnait les routes du haut de la colline, Frei et moi étions déjà bien confortablement installé dans les cuisines du palais à saboter la gastronomie des invités. Le bal pris son envoie par le discours terne et sans éclat d’Ausgarde l’Avarde, puis, plongés de symphonies de violon et des lueurs de chandeliers flavescents, les seigneurs et barons présents n’eurent nullement conscience de tout l’or qui fût vider de leur effets durant le premier service. Au dessert, tandis que Frei crochetait les portes de la cave, l’antre des cadeaux amenés par les invités, je parvins à me glisser dans les quartiers de la reine, sous le regard des abrutis de Werwyms. Puis, tout juste à la suite de l’annonce de la première danse, moi, Loubos Theldrea, farceur aux mains agiles, la voix même des Pavés de Poussières, couru de la balustrade et dans un coup de théâtre, sauta agilement pour atteindre le lustre surplombant la salle de bal, attirant tous les regards et coupant l’inspiration aux musiciens. Haut et fort, mon monologue fût le suivant :

« Gentes dames et gentilshommes, mes seigneurs et fins économes! Je suis Loubos Theldrea, vous ne me reconnaissez guère car vous ne me connaissez pas! Je suis de ceux qui n’ont pas eu l’auguste chance d’être né au-delà de la colline, d’êtres des invités à l’Emilix en ce bal du favoritisme! Alors que vos panses bien gavées, digère les copieux repas dans lesquels j’ai si grossièrement craché, sachez que nous avons pris la peine de vous séduire et de vous dévaliser. Nous remercions grandement Ausgarde la reine de l’Avarice, elle qui si bêtement dans cette mascarade s’est fait la première actrice, de ce grandiose cambriolage de vous, souverains environnants! Sachez qu’en ce printemps nouveau qui s’offre à nous, jamais plus ceux des Poussières ne traîneront dans votre boue, que par la justice de nos cœurs et de nos proses, paillerons les riches de la lame de la Rose! Oui! La Rose de Sang! Nous, vandales et terroristes de vos lendemains, jurons que dès la fin de ce bal funeste, les riches mangerons dans nos mains!’’

Puis je fis balancer le lustre violemment, plongeai d’une vrille et fracassai un vitrail, m’échappant ainsi en un sortie triomphante, laissant s’écraser derrière-moi le lustre aux scintillements de notre vengeance. Frei me rejoignit dehors, tout sourire. La Rose de Sang était née, la vengeance des pauvres était lancée. Mon nom est Loubos Theldrea et ceci est mon histoire.

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Gavaliehnod – l’île aux blasphèmes

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Mon histoire remonte il y a de cela très très longtemps, avant même que Le Grand ne soit couronné roi des Elfes. Situé dans l’archipel des Îles de Corail, ce récit aux touches d’horreur est, j’en fais le serment sur mon humble cœur, aussi véridique qu’est dure la tête du dieu Tarù! Voilà qu’en cet archipel se trouve une île, d’apparence ordinaire et aux attributs communs, du nom de Gavaliehnod, endroit paisible parsemé d’humains, d’elfes et de quelques nains. Dirigée par plusieurs générations de la famille humaine de sang royal, les Barielovens, cette île aux races disparates était synonyme d’un havre paisible ou aiment s’entraider et partager les peuplades. L’éloquent récit que je m’apprête à vous raconter se déroule lors du règne d’Urthef l’Immortel, souverain Barielovens aux vertus aussi pures qu’un diamant des eaux du Fleuve du Lierre. Ce récit est arrivé à mon ancêtre nain, Felorïn Salevz, celui-ci était servant auprès de la famille royale, c’est de lui que nous a été léguer ce conte aux arômes historiques.

Voilà qu’en ces temps, l’air sur l’île était à la fête, la reine Laldaëlle étant sur le point de donner un autre prince à son noble époux, Gavaliehnod partageait donc l’euphorie et la beauté du fruit de leur amour. C’est par un soir de nouvelle lune que Laldaëlle mit bas le quatrième fils d’Urthef, celui-ci alors nommé Hazaldal. L’enfantement terrible aurait duré des heures, tenant en haleine toute la cour du royaume et martelant le cœur de mon ancêtre d’angoisse et de fébrilité. L’enfant vint finalement, beau et divin, tel un rayon de cette nouvelle lune offert aux Barielovens, promettant un prince au cœur aussi vertueux que celui de son père. Toutefois, la beauté de la scène fût vite déchirée sauvagement, le calme fut brisé par l’intrusion d’un humain portant un long manteau noir et un grand chapeau de même couleur. Cet homme avait, semble-t-il, les mains recouvertes de sang et était porteur d’un regard machiavélique, comparable à celui que poserait la mort elle-même. Le semeur de trouble aurait alors foncé sur le nouveau-né et parvint, suite aux violences émises envers les aidants de la reine, à s’en emparer cruellement. Les cris affolés de Laldaëlle se mêlant aux cris d’Urthef, celui-ci en agonie, atteint d’un coup de poignard vicieux à l’abdomen par l’intrus, alertèrent la brigade du palais. Cependant, l’homme de la nuit avait déjà pris fuite dans les ténèbres, laissant le cadavre de l’Immortel devant les yeux d’une Laldaëlle sous le choc. Valets de chambres, gardes et servant, retrouvant parmi ceux-ci Felorïn, se mirent tous en chasse afin d’abattre celui leur ayant pris non seulement leur roi, mais également leur prince nouvellement né.

II

Tous les pères de familles de l’île partirent en battue cette nuit-là, armes et torches en main. Les yeux scrutateurs des elfes eurent heureusement vite le dessus sur le fugitif, le retraçant en à peine quelques instants. Se rallièrent alors les pourchasseurs, l’encerclèrent et lui barrant toute exile. Le meurtrier et voleur d’enfant s’était isolé sur une plage de l’île, au cœur d’étranges récifs aux formes d’épouvante dans cette nuit maudite, ce dernier étant dénudé du haut du corps laissait voir sur lui des runes au caractère inquiétant. L’homme chantait un requiem funeste d’un dialecte inconnu de la conscience des elfes, d’un ton de voix à faire hérisser d’effroi la fourrure d’un loup nordique. Les braves elfes le mirent tous en joue, leur regard fixé sur le point vital de la poitrine de l’obscur cultiste. Celui-ci portait l’enfant du bout des bras, le secouant frénétiquement. Il mit fin à son chant sur quelques dernières sombres notes, puis, une fois l’enfant déposé sur une rocaille improvisant une table, se trancha les veines du poignet gauche d’un geste vif et précis. Son sang gicla, aspergeant le sable froid et l’enfant pris de terreur. Il aurait selon l’histoire, répandu son nectar de vie dans la bouche de l’enfant, le souillant de l’empreinte de son péché. Il n’en fut pas davantage pour qu’une volée de flèches pleuve sur l’hérétique. L’une d’elle semble-t-il, se serait fichée au fond de la gueule de l’homme, le laissant échapper un dernier blasphème avant de le noyer de son propre sang, puis l’effondra de tout son long sur la table et sur l’enfant. On sorti sur le champ le jeune prince, qui, grâce au ciel, ne semblait point blessé. On le lava soigneusement de l’eau des mers et le fît bénir par l’oracle de la seigneurie. Les braves de cette nuit s’en retournèrent tous traumatisés dans leur foyer, réveillant tous les citoyens pour leur faire la funeste annonce du décès de leur roi. Hazaldal, de retour au creux des tendres bras de sa mère, laissa la terreur pour le calme et s’endormit tel un chérubin dans la chaleur maternelle. Alors, les années passèrent et la sérénité revint en Gavaliehnod, maintenant sous la gouverne de Laldaëlle, en attente de la maturité du premier fils Barielovens.

III

Hazaldal grandi en âge et en sagesse, toutefois, on raconte qu’il arrivait qu’on puisse lire, dans l’azuré de son regard juvénile, un sombre voile rappelant celui de l’homme ayant mis fin aux jours de son père. Les rumeurs sur son état d’esprit allaient bon train sur la place publique, cependant, Ilfariol, son plus vieux frère, était bien près d’acquérir maturité, et sa droiture de cœur meublait la plupart des conversations, don d’espoir au peuple de renouer avec les coutumes de leur Urthef disparu.

Vers la treizième année de vie d’Hazaldal, mon ancêtre raconta que ce dernier se mit à se réveiller à toutes les nuits en poussant d’effroyables cris d’épouvantes. Terrorisé de ses cauchemars, il aurait bien vite cessé de parler, préférant se reclure dans sa chambre face aux incompréhensions et rires de ses frères. Ne laissant que sa mère entrer à l’occasion, il se refusait à toute relation humaine et délaissait les copieux repas que lui apportaient les valets de sa famille. Les murmures s’intensifièrent sur la place publique, certains citoyens faisaient même allusion à la nuit maudite que fut celle de sa naissance, insinuant un sombre lien entre ces évènements et le caractère sauvage d’Hazaldal. Vint alors l’anniversaire d’Hazaldal, jour empreint d’une ténébreuse nostalgie et au caractère peu enjôleur pour l’enfant en raison des circonstances de sa naissance. Contrairement à ses habitudes, Hazaldal rôda dans le palais le jour entier, longeant les murs aux illustres vitraux tout en marmonnant quelques plaintes muettes et inquiétantes. Son regard vide et lunatique alourdissait le cœur de sa mère de douleur, impuissante face à son fils aux marginales habitudes. Il ne fit pas présence au banquet en son honneur, s’étant alors enfermé dans sa chambre et ne répondant point aux demandes de la reine. Cette nuit-là, Laldaëlle se réveilla en sursaut, comme si elle présentait un imminent malheur. Elle s’empressa de faire ouvrir la porte barricadée de son dernier-né pour découvrir dans l’affolement qu’il avait disparu.

IV

On alerta aussitôt soldats et gentilshommes pour qu’une fois encore, en cette journée sombre, soit organisée une battue en Gavaliehnod.

Laldaëlle et ses Barielovens restèrent au palais accompagné de mon nain d’ancêtre, tous désireux d’avoir des échos de leur membre manquant. Coulèrent les heures anxiogènes dans cette nuit qui se faisait la plus longue, celle-ci maintenant l’hôte d’une tempête violente inondant les chercheurs d’Hazaldal de pluies diluviennes. C’est alors que le cri d’Ilfariol, l’aîné de la famille et futur roi, déchira le silence. Tous se dirigèrent vers la source de ce hurlement. Ils le découvrirent à ce moment figé dans le corridor, les yeux rivés sur l’un de ses frères étendu de tout son long, gorge tranchée et baignant dans son sang.

Felorïn s’empressa d’isoler Ilfariol et son frère cadet Jaïre avec leur mère, dans la chambre du trône en prenant bien soin de la verrouillée durant sa brève absence. Il s’enquit ensuite d’apporter la dépouille du jeune dauphin laissé au corridor dans l’antichambre de ses propres appartements, afin de le respecter prochainement d’une cérémonie digne de son rang. À son retour aux portes de la salle du trône, il eut l’effroyable surprise de ne pouvoir y accéder, cette dernière ayant été barricadée de l’intérieure. Les cris d’agonie de sa reine et de ses deux fils lui broyèrent le cœur, mon ancêtre n’eut d’autre choix que de quitter le palais pour quérir de l’aide. Après de longues minutes dans la cour où il hurlait au secours, il dit avoir aperçu Hazaldal par les vitraux de sa chambre, debout sur une chaise. Ce dernier, le corps marqué de runes, portait une corde au cou, suspendu à une poutre. Il aurait hurlé moult blasphèmes, tout aussi dément que sinistres, puis sauta, se laissant pendre à sa mort. Felorïn quitta le théâtre de ces abominations pour le village, désespéré de trouver de l’aide.

Les derniers mots du récit de mon ancêtre rapportent que lors de la fouille du palais, seule une corde et une chaise auraient été retrouvées dans la chambre du sombre prince, son corps ayant mystérieusement disparu.

Depuis ce funeste jour, l’on raconte que les soirs de nouvelle lune, on entendrait encore résonner dans les corridors du palais de l’île de Gavaliehnod, de démoniaques blasphèmes et le grincement d’une corde sur une poutre…

Felan Salevz
Second fils d’Erthiom Salevz, onzième descendant de Felorïn Salevz, Servant de la famille Barielovens.

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Les marécages de Meirluh

En des temps lointains, bien avant que ne vienne la Grande Guerre Noire, se trouvait non loin de l’île de Foudre de petits îlots formants un losange, îlots réputés pour leur fastes fleurs aux propriétés mythiques , pour leur parfums enchanteurs et pour leurs couchés de soleil uniques. Ces îlots étaient alors nommés ‘‘Zoulhtunnabeh’’, nom venant de l’ancien elfique du Sud de l’île de Foudre signifiant : Zoulh :  »Soleil » To’unf :  »Baiser » Ab’aleh :  »Océan »
se traduisant par  »Là où le Soleil courtise l’océan ».

D’anciens écrits retrouvés après les Nuits Incendiaires d’Asmaÿl racontent que les îlots de Zoulhtunnabeh étaient à l’époque endroits de rassemblements et de pèlerinages pour de nombreux fidèles du dieu Fhan, primauté divine de la Lumière, du Soleil, de la Magie, des arts , de la poésie et de la musique.

Semblerait-il que quelques centaines de disciples se réunissaient en des moments propices de l’année où par une quelconque magie, leur dieu se manifestait à travers les lames de lumières solaires dansant sur les vagues de la Mer Bleue. En effet, de nombreux passages de récits elfiques reposant dans les temples consacrés à l’Hélianthe évoquent des visions et des messages de ce dieu lors des équinoxes et des solstices de chacune des saisons. En autre temps, Zoulhtunnabeh semblait être inoccupé, hormis de quelques gardiens runiques invoqués par de grands prêtres elfes afin de protéger l’endroit bénit.

Or, l’histoire raconte qu’il advint qu’un jeune elfe, apprenti clerc suivant les doctrines du dieu Corellon Larethian, faisait partie d’un groupe de pèlerins provenant de l’île de la Licorne. Celui-ci fût pris d’une si grande admiration lors d’une des mystiques manifestation de Fhan qu’il aurait plongé tête première dans l’océan, médusé entre ses croyances elfiques et ce dieu légendaire se révélant, espérant  de son saut atteindre un idéal plus tôt qu’il ne se devait. Son action entraîna la disparition immédiate de l’avatar, ce qui suscita une forte colère auprès des autres fidèles. Cet elfe, portant le nom d’Olwë Fëfalas, aurait été punis de sorte à lui retirer son titre d’apprenti et toute possibilité de rejoindre à nouveau les rangs des Clercs de la Fée de Grenat, ceux-ci réputées pour la sévérité de leur convictions. Détruit par l’annonce de cette décision, Olwë aurait déchiré son tabar, pris fuite et disparu avant que le soleil n’embrasse l’océan pour une seconde fois.

Un jour passa et les pieux fidèles décidèrent de demeurer non loin de la berge avec l’espoir de retrouver leur dieu avant le crépuscule. Puis vint la bise entre la Mer Bleue et son solaire courtisan, créant l’avènement du Divin Artiste. Tandis que les adorateurs se donnaient entiers en prières , Olwë fît irruption derrière le groupe. La vengeance au cœur et la rage au poing, il saisit l’opportunité que lui offrait l’état de transe des disciples pour assouvir sa haine. Lames en mains, Olwë aurait exécuté une danse meurtrière auprès de ces frères de sang, les plongeant dans la mort de sang froid, devant le regard implorant du dieu solaire. Ce dernier, entrant dans une colère aussi puissante que celle qu’il offrit à Boccob lors de la Guerre de l’Ithrildur, aurait fait léviter Fëfalas pour le torturer en lui étirant les membres de façon telle à les lui arracher. Répartis sur chacun des îlots de Zoulhtunnabeh, ses membres devinrent aussitôt corrompus et rancis. Alors, Fhan abandonna l’endroit, laissant pour engrais à la flore les corps de ses fidèles défunts.lonely_goblin_by_flowerzzxu-d431u8a

Le temps passa et de nouveaux pèlerins vinrent en cet endroit anciennement saint lorsque la nouvelle saison fût
venue. Zoulhtunnabeh était alors devenue paysage macabre et dévasté, où rôdaient nécrophages et âmes en peines.Les pèlerins périrent pratiquement tous, exceptés quelques-uns qui parvinrent à fuirent et à rapporter l’état de la situation auprès des leurs.
Les brumes empoisonnées et les mandragores devinrent maintenant partie intégrante du portrait des îlots, les fleurs et les créatures enchantées désormais ronces et bêtes sanguinaires.

Selon certaines hypothèses émises par les sages elfiques, les raisons de cette corruption quasi instantanée de l’endroit serait dût d’abord à la malédiction jetée par l’Hélianthe lui-même sur Olwë et également, certains croient que la brèche s’ouvrant lors des couchés de soleil sur le monde des mortels serait demeurée ouverte, donnant ainsi libre accès à de viles créatures et à quelque esprits malveillants. De nombreuses années s’écoulèrent sans qu’aucun écrit ne rapporte une quelconque information au niveau de Zoulhtunnabeh, maintenant abandonnée à son triste sort. Rien à ce sujet jusqu’au récit datant de la Grande Guerre Noire.

En effet, une fois celle-ci terminée, un général gobelin du nom de Meirluh aurait reçu une vision de la part de Wopa, divinité de son peuple. L’informant de l’existence de Zoulhtunnabeh, Wopa aurait voulu faire de Meirluh l’architecte de son nouveau plan. Ce dernier aurait donc mit pied aux marécages de Zoulhtunnabeh, les déclarant maintenant comme les siens et aurait réunis les reliques d’Olwë, lui engendrant de ce fait une grande puissance liée à la malédiction infligée par le dieu elfe. Or depuis ce temps, les marécages abriteraient gobelins et autres bêtes perfides au services de Wopa et sous la commande de Meirluh, gobelin devenu immortel par le biais de son orateur et de ses reliques damnées. Toutefois, bien que la mort flotte dans l’air de ces marécages et qu’elle se cache dans chacun de ses étangs, certains braves ont racontés avoir rejoint l’endroit et d’y avoir trouvé des plantes uniques aux caractéristiques étonnantes. Ceux-ci ne racontent cependant pas avoir été témoins de quelque événement surnaturel que ce soit alors que le soleil embrassait les marécages.

Lizandel Encresang

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L’Invasion Séductrice

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Chapitre I
Le Désastre, Après.

Les cieux d’un teint galvanizé donnait comme toile de fond aux Hautes-Terres de Darion une allure apocalyptique, n’offrant aucune lueure d’espoir aux pauvres paysans.
S’affairant à rappatrier le peu de leur effets ayant subsister à la finalité de la Grande Guerre Noire, leur infortune ne leur laissait qu’une moisson ayant fait pousser que cadavres et armures, des bannières et montures. C’est toute humectée de sang que fûrent les fruits de leur récolte en cette funeste saison. Tandis que des esprits de tourmente hantaient déjà les champs, les consciences des nations de Merved étaient toutes empreintes de chimères et désolation.

La colère des dieux avait parlé, dès lors, les lendemains seraient assombris de la faute. Une nouvelle ère était née, la barbarie marquant le premier jour de son calendrier. Les armées et cortèges entâmant leur exile, toutes les cavaleries regagnaient tête basse et le coeur flétri leur foyer délaissés pour les armes. Seuls demeuraient les accablés des Hautes-Terres, ces paysans dépouillés n’ayant maintenant que pour foyer une rancoeur grandissante d’avoir été l’hôte du pire désastre jamais connu, de la pire insulte jamais commise.

Le neuvième jour suivant les derniers faits d’armes de cette guerre éternelle, un contingent d’hommes se détacha du fil de l’horizon et vint d’une langue habile, inspirer les réels perdants de la Grande Guerre Noire. Mené de l’auguste dauphin du nom d’Isaac Asimov, cette troupe arborant des couleurs cramoisies vint recruter les hommes pour qui la guerre avait tout pris. D’un discours aux promesses d’avenir et de vengeance, Asimov rallia les derniers hommes des Hautes-Terres de Darion sous son aile, ceux-ci bénéficiant d’une asile confortable offerte par Minheld et le clan de la Lance de Feu. Une ère nouvelle était née, enterrant à son aurore le passé des Hautes-Terres et éclipsant ainsi de la mémoire collective ce que fut la nation de Darion. Un tout dernier cortège défila alors l’horizon, abandonnant les terres des patriarches aux corneilles et aux esprits errants.

La procession vers Minheld offrit aux paysans le deuil puisqu’Isaac lui-même leur offrit une identité et une profession nouvelle. De piètres fermiers, ils devinrent guerriers au coeur brûlant de rancoeur, avancant tête haute vers la promesse d’une revanche historique. L’accueil grandiose des troupes survivantes en Minheld insuffla l’espérance aux fantassins, soulignant non seulement leur noble rapatriment mais également l’adoption d’alliers à la métamorphose mystifiée. Tous les membres du clan de la Lance de Feu furent alors convoqués en un urgent concile ayant pour sujet l’arrogante inspiration de leur souverain, un rêve de grandeur aux attraits idolâtres. Isaac Asimov savait parler, savait convaincre. Omnibulant son public d’un discour aux charmes et aux promesses de félécité, il parvint à persuader ses troupes d’entâmmer une nouvelle marche, celle-ci vers la conquête des terres nordiques, établissant ainsi la notoriété et la suprématie des hommes d’Asimov, nom du nouvel empire qu’il désirait former. C’est sous les ovations fanatiques, les acclamations unanimes et une Lance de Feu au coeur conquis que pris fin cette assemblée au serment falacieux. Dès le jour suivant, la marche serait lancée. Asimov et les siens, tous animés d’un zèle délirant, levèrent les voiles sur leur continent, s’élancant dans une épopée mégalomane.

Chapitre II
L’Invasion Séductrice.

Voguèrent alors frégates et vaisseaux sur les flots de la mer du Wiverne, bravants la houle et le tonnerre des dieux des eaux, frayant une route certaine entre les lames des vagues meurtrières et les récifs assassins. Les navires aux voiles écarlates dévalèrent les côtes en se moquant de la violence des aquilons nordiques, l’arrogance avec laquelle ils progressaient les flots tenait presque de l’irréel. Astrologues, prêtres, sorciers et devins, ayant tous fusionner leurs arcanes afin de former un puissant éclectisme, parvinrent de leur sombre magie, à propulser le cortège naval d’une mistral enchantée, d’un vent au souffle irrascible. La Wiverne, la plus redoutable et impraticable des mers de Merved, parvint à peine à offrir une riposte respectable pour entraver la fanatique ascension de la Lance de Feu. En un temps impossible, les embarcations longèrent les golfes d’Azuria puis atteignirent les berges de Neib. Les troupes établirent alors leur quartiers sur les grèves de la plage de Gadàndrüll, ruminant et élaborant en leur esprit pernicieux des tortures et menées militaires pandémoniaques. L’abordage n’ayant curieusement point susciter de tumultes ou de rumeurs en Neib, les hommes d’Asimov purent bénéficier d’un répis afin de ravitailler leurs corps meurtris du voyage, et ce, sous le cuisant soleil de Gadàndrüll, plage unique épargnée de la morsure du froid des neiges. Alors que les membres du clan effilaient lames et flèches et vidaient flasques et barils, Isaac ainsi que son lieutenant premier, Lerxel Anseloch, se dérobèrent du lot et prirent direction de la bourgade avoisinante. Isaac désirait déployer devant les yeux de Lerxel l’envergure de sa suprématie. Aux pieds des murs de la ville d’Effatah, il convoqua Queol Aodhànn, le seigneur nain de Neib, en époumonant son nom avec grande effronterie. Fantasque et orgeuilleux, il intimida d’une force inexplicable les gardiens des portes et les archers des parapets, ceux-ci tous transis d’épouvante devant l’éloquente oraison de leur visiteur. Les deux hommes attendirent donc patiemment que le monarque de la citée naine pointe sa couronne, restant debouts et immobiles durant de longues heures, le temps qu’un envoyé quère le souverain.
C’est au crépuscule que scintilla enfin le diadème de Queol du haut des remparts. Isaac Asimov aurait alors dans une rhétorique falacieuse, humilié et injurer le roi face au précieux temps qu’il lui avait fait perdre. Ce dernier, atteint d’un soudain mutisme, se laissa engueuler tel une vulgaire épave malgré la réputation du caractère de sa race. Asimov se lanca ensuite dans une rafale de propos menacants et prétentieux, jurant d’envahir Neib en une guerre dévastatrice tout en veillant à martyriser et tortionner les filles d’Aodhànn ; blasphème ultime envers sa majesté. Pétrifié et ébranlé de tout son être, Queol Aodhànn, roi de Neib à la verve innépuisable, nain au courage draconnier et au caractère volcanique aurait alors glappi de peur, cédant lâchement à Isaac Asimov sa couronne d’un lancer maladroit. Le tintement sourd de l’or sur le pavé résonna en le coeur des témoins tel le carillon de la perdition, la guerre était perdue sans même n’avoir commencée. Asimov avait ébranlé le coeur de pierre du nain roi. Il fit ouvrir les portes de son nouvel empire puis envoya Lerxel chercher ses troupes. Tout sourire, il parada seul et fier dans les rues d’Effatah, sa nouvelle conquête, la première pièce de son royaume. La ville et l’immense forteresse de Grimaad’Rlok, joyaux nain figé dans les glaces, étaient maintenant siens et ce sans même le son d’un cor. Roi, détenteur de la ressource première de diamants en Merved et commandant des armées naines aux barbes blanches, Isaac Asimov étoffait maintenant une notoriété sans équivoque.
Neib était tombée, l’invasion séductrice était lancée.

Chapitre III
La Bataille Des Terres Souillées

Les temps suivant, Asimov parvint à calmer la tempête de ses hommes, ceux-ci animés du courroux de n’avoir pût assouvir leur soif de mort sur Neib.L’ordre revint donc rapidement et ce dès la première assemblée générale ralliant maintenant les armées naines à la Lance de Feu. D’un nombre colossal, la nouvelle armée d’Isaac Asimov avait désormais de quoi faire trembler n’importe quelle nation. Des semaines d’entraînement intensif suivuirent les festivités de la création du pays d’Asimov, entraînements où se formèrent la hiérarchie des pelotons et les tactiques guerrières. L’objectif prochain étant Bagoh, la préparation à l’invasion massive s’activait fixement. Tandis que les forgerons et miniers transfiguraient les diamants en pointes de lances et de flèches, les thaumaturges mettaient tous au point des sorts collectifs aux puissances incomensurables. Les bataillons fins prêts, une marche au rythme synchronisé aux battements du coeur maniaque d’Isaac débuta en direction de Bagoh, martellant la terre d’une assurance aussi froide que les neiges des Monts Blancs.

Fusèrent les pluies de flèches et de globes de feu sur les premières villes, toutes broyées de torrents et d’assauts meurtriers laissant une odeur de chair brûlée comme seule souvenance. Asimov et la Lance de Feu ravagèrent les petits bourgs sans même arrêter leur marche, puis fondirent sur la métropole et dernière résitance de Bagoh ; Oféliz. Reconnue pour le profond sens sacré et la sainteté de ces terres Oféliz était, selon les croyances, citée bénie des dieux et sous l’oeil attentif des avatars nordiques. L’idée alléchante de tourner en outrages la prunelle des dieux devint vite la motivation première de l’armée, offrant des attaques successives et sempiternelles sur tous les fronts de la ville mise à feu. Pendant plus de cinq jours Asimov et les siens terrassèrent Oféliz, ne gardant pour captifs que les prêtres et les vierges hiérophantes du dieu Pelor. L’offense ultime envers les divinités vint lorsque Lerxel Anseloch s’empara du seigneur pontife d’Oféliz ; Manuvan le Céphéïde. Il fît traîner le plus grand prêtre de la contrée face première sur les routes rocailleuses et glacées de la citée et ce jusqu’à la place publique. De là, suite à une cascade d’injures et de flagellations, il l’empala de sa lance qu’il fît lévitée. Sous un commandement sinistre, il fît alors embrasée sa lance par l’un des sorciers du clan, celle-ci carbonisant le pontife de douleurs atroces.
C’est également dans d’inhumaines tortures et rituels blasphématoires que le reste des ministres de la magie de Bagoh poussèrent leur dernier cris, tous cruellement martyrisés par les assaillants aux désirs pervers et à l’arrogance profane. Campant maintenant en des terres sillonnées de buchés, d’autels viciés et de sanctuaires débauchés, l’armée d’Asimov se reposa et tous ses membres savourèrent leur part du buttin en cette victoire irréfutable.C’est ainsi que, sous le regard implorant du dieu Soleil, eut lieu la Bataille des Terres Souillées, faisant dès à présent Bagoh récipiendaire du pseudonyme de la Citée du Deuil.

Chapitre IV
L’Alliance Royale

Alors qu’Argoth des Elfes Gris formait déjà avec les siens un premier poste de défense aux frontières de Duaure, l’armée de la Lance de Feu menée en tête par Isaac lui-même progressait vers la dernière résistance; Duaure, le Puit des Étoiles. L’armée dessinait de ses couleurs incendiaires l’horizon du Nord, rappellant une mer de feu s’apprêtant à déferler sur les citées des Elfes Gris. Tandis que Milidris et Mithirian, empereurs des elfes au teint de pierre, avaient quittés la patrie depuis déjà de trop longs jours, Asimov et les siens se rapprochaient dangeureusement et la musique de leur marche faisait naître dans les coeurs de la peuplade convoîtée, la frayeur grandissante d’un jugement dernier. Milidris atteint Azuria et fît résonner les portes d’Einthalias, la tour en obsidienne de l’archimage Loej Iwëm. Le suppliant de déployer un contingeant de ses meilleurs lanceurs de sorts, Milidris parvint à éveiller la compassion de Loej au point que celui-ci accepta et pris contact avec Balwin Von Reyäs, roi du pays d’Aeth. Ce dernier ayant déjà été informé de la situation de guerre par Mithirian, Von Reyäs s’enquit de soumettre ses bataillons pour soutenir la noble cause duaurienne. Ainsi donc, l’Alliance Royale était formée, ralliant Azuria et ses meilleurs élémentalistes, Aeth, son armée et la garde personnel du roi Balwin; les Clercs de Von Reyäs. Alors que les batailles eurent déjà éclatées au Nord, déssimant les rangs d’Argoth et les contraignant à la retraite, l’Alliance Royale pressa le pas à la vue des fumées s’échappant des tours elfiques de Fazorin, monuments sacrés du peuple des Gris. La résistance pliait, les Elfes parvenaient malaisément à contenir les assauts d’Asimov. Retentit alors l’écho du cor des Empereurs; promesse de la venue des renforts du Sud. Isaac et les siens maintenant en enserrés en une souricière, métigés entre les Elfes Gris et deux de leurs créatures draconiennes ainsi que les vagues d’hommes de l’Alliance Royale, la balance sembla peser à contre-sens. Asimov dût alors déployé toute la gamme de sa puissance pour résister à cette position précaire. Tandis que Lerxel menait les arbalétriers et les lanciers au front, Isaac guidait les ensorceleurs à éxécuter le stratège. À toutes les sphères de feu qu’invoquait un magicien, les lances endiamantées des guerriers s’enflammait et ce sans brûler leur détenteur. L’astuce portant fruit, les flammes dévastatrices d’Isaac et les siens parvinrent à faire tomber de nombreux seigneurs de guerre sous la proie des flamme.Ne semant toutefois pas un coup d’éclat suffisant pour reprendre la gouverne de cette guerre, Asimov résistait par contre avec adresse. C’est alors que les troupes des Gris se rappatrièrent pour prendre d’assaut le flanc droit de la Lance de Feu, provoquant ainsi avec le positionnement des membres de l’Alliance une impulsion mouvante, leur imposant les frontières de Bagoh.

La nuit venue, les sorciers d’Azuria quittèrent les rangs pour sillonner les champs de batailles, allant créer des cadavres jonchant les neiges des golems de chairs, armes massives pour assénner un coup ultime aux lignes ennemies. Des éclaireurs habiles ayant trouver des failles dans les formations naines de la Lance de Feu, l’Alliance Royale parvint à déployer en cette nuit fatidique une troupe pour effectuer une attaque surprise. Comprenant les empereurs elfiques, Argoth, Loej, ses disciples , les Clercs de Von Reyäs ainsi que des golems de chairs, l’incision nocturne parvint à déstabiliser les conquérants au point de défaire leur formation en entier. Les assauts se multiplièrent alors de la part de l’Alliance, souhaitant mettre fin à cette guerre le plus tôt possible. Puis, dans une dernière et ultime tentative de survie, Isaac clama des incantations lucifériennes qui eût pour effet d’enflammer une fois encore toutes les lances de ses hommes. Les ensorceleurs de ses contingeants déversant une pluie de flammes sur les assaillants, l’incandescance de l’attaque éblouit l’ennemi au point que dans l’affollement, les golems se retournèrent contre les leurs. La ruse des lances embrasées ayant été étudiée par Loej lors de sa première invocation, l’archimage entonna d’une voix surpuissante un chant dans la langue des Premiers Elfes. L’incantation eût pour effet de faire léviter les lances de braises et de les maîtriser. puis dans un volée meurtrière, les retourner contre leur possesseur. Manuvan le Céphéïde et le dieu Pelor vengés, voilà que tous les porteurs de lances de l’armée d’Asimov se virent empalés de leur propre lance incendiaire. La caballe des derniers hommes aux tabars de feu trouva solde en un bain de sang, puis l’assasinnat d’Isaac Asimov fût accompli par Erenthiel Leÿvah, un elfe nordique à la chevelure azurée prêtant mains fortes à ses cousins de race.

C’est ainsi donc en cette nuit historique que prit fin la délirante épopée d’Isaac Asimov, laissant découvrir au levé de son jour un champs de lances noires aux frontières de Bagoh. Ces reliques calcinés par la déraison de pouvoir de celui qui fût nommé le Séducteur, serait encore de Azimov-firenos jours, symboles mythiques de la colère des dieux et de la domination incontestable de l’Alliance Royale. Depuis cette funeste époque, Aeth s’est approprié la Couronne du continent, s’improvisant en tant qu’empire protecteur de la justice et des affligés. Bien qu’ayant subit de lourdes pertes, Duaure se remit de la guerre et repris vite sa floraison et sa prospérité. Neib pour sa part, retrouva certains des survivants à la barbe blanche de cette guerre, ceux-ci se demandant encore aujourd’hui la raison de leur folle alliance et de la faiblesse de caractère de leur défunt seigneur.

Isaac Asimov eût avant sa mort trois fils, ceux-ci ayant repris les commandes de l’empire déchu et s’affairant à rebâtir les citées détruites par leur propres ancêtres. Encore de nos jours, un vieil adage nordique est souvent mentionné lorsque l’on fait allusion à l’Invasion Séductrice d’Isaac Asimov ou a un plan d’allure mégalomane, celui disant qu’à force de jouer avec le feu, on finit par se brûler…

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La Grande Guerre Noire

guerre_noire_01Cette guerre est la base même du monde, bien qu’il y eu de la vie auparavant, elle est la référence en ce qui attrait le temps. Cette guerre s’est déroulée partout en Merved, multipliants les champs de sang, mais c’est terminé dans les Hautes Terres de Darion. Tous clans et races s’y sont affrontés. La cause principale de cette guerre fût que Neolth, un nécromancien des plus redoutables, parvint à pousser de grands et puissants magiciens vers la quête du pouvoir absolu et à se bâtir une armée d’êtres maléfiques tels que les Gobelins, les Orques, les Trolls, les Géants, les Ogres, les Harpies et même les Dragons entrèrent dans les rangs de l’armée du Mal.

Neolth était un individu démoniaque, toujours en recherche de pouvoir et il en possédait énormément.Il était très redouté et il n’avait que pour intentions de régner et de s’emparer des trésors les plus précieux. Graduellement, il devint le maître du jeu et contrôlait ses pantins en les faisant combattre pour lui.

Pendant ce temps se déroula le Conseil des Grands. C’est-à-dire une réunion très importante où siégeait les plus hauts placés de toutes les races pacifistes. Darion des Hommes, Razel des Elfes,Barkorïn des Nains, Yrthamenalok le dragon d’argent, Bernadin des Gnomes ainsi que qu’ Amenael des Halfelins. Ils étaient en charge des commandements, car il devait y avoir guerre,le devoir étant d’arrêter Neolth avant son élan final. Les armées se rassemblèrent donc, tous y étaient concernés, le sort du monde en dépendait.

Le rendez-vous pris place dans les Hautes Terres de Darion, endroit où l’armée du Bien avait organisée toute sa défense la plus compétente. La grande batailla débuta par le chant des cors des orques. Le nombre de morts fût hallucinant, trop trouvèrent en ce champ de bataille leur destin. C’était l’affrontement du Bien contre le Mal. Le sang y coula à flots, ce fût une période terriblement meurtrière.

Entre les cris d’agonies et ceux hurlé en honneur des dieux, une sombre voix était toujours à l’œuvre. Par des incantations macabres, Neolth utilisait ses pouvoirs de nécromancie et faisait ainsi en sortes que les soldats de son armée qui tombait au combat se relevaient en morts-vivants. L’ingénieux stratagème prit fin lorsque Neolth eût mystérieusement disparu. Certains racontent que son esprit fût retiré de son corps et enfermé et puis que sa dépouille fût brûlée.

La noirceur et les larmes quittèrent alors le ciel pour faire place au Soleil. Mais la guerre était loin d’être terminé. Bien que les Pacifistes possédait une mince avance, les Maléfiques eux, ne perdait pas espoirs et ils entamèrent même plusieurs rituels et sacrifices pour retrouver gain de force. Le jour du Jugement arriva donc, après une nuit interminable de lutte, les Dieux en eurent assez, il devait y avoir gagnants. Les dieux aux cœurs de haines permirent donc qu’un malheur terrible arrive, tel un miracle pour le clan du Mal, changeant ainsi la cour de la bataille et celui de la vie toute entière. Ils firent en sorte qu’une troupe d’Elfes se retourne contre leurs alliés, étant corrompus par la noire magie des grands de l’armée ennemie.

Répandant ainsi le carnage et la désolation, les nouveaux fervents serveurs du Mal firent pencher la balance. C’est alors que Razel Evalondëderweva intervint de façon guerre_noire_02magistrale, il créa de façon mystique un immense globe de lumière qui entoura toute l’armé du Bien, les Mauvais furent repoussé par l’enchantement. Ne pouvant percer le globe lumineux, l’armée du Mal dû se résigner à attendre. Ce fût alors l’étape du Grand Répit, permettant aux deux armées de se ravitailler et par la suite de se regrouper pour l’affrontement final.

Cependant cela ne se produisit pas ainsi, les dieux se mêlèrent de l’issu de la victoire en détruisant le globe de lumière de Razel, n’étant pas d’accord au fait de retarder la guerre. Ce fût d’une stratégie de maître que la guerre se termina, les elfes s’étant retournés contres les leurs, parvinrent à enlever Razel et à disparaître avec lui. L’armée du Bien allait céder le terrain et la victoire lorsque Le Châtiment arriva. Ce fût l’étape finale de la Guerre Noire.

Toutes races eurent à confronter les Dieux, et chacune d’entre ses races subirent de graves conséquences. Les Orques perdirent de leur jugement, désormais moins intelligents, Les Hommes perdirent de leur Coeur, maintenant plus faciles à corrompre, Les Elfes devinrent plus sauvages, ne pouvant à présent compter seulement sur la forêt comme allié, Les Nains perdirent de leur confiance envers les autres, vite ils gagnèrent en avidité, les Gobelins perdirent leur force physique, ils devraient à présent se retourner vers la magie noire et la l’union pour survivre.

Quant aux autres races, ils eurent tous de lourdes punitions et tous en subirent des répercussions. Les elfes traîtres quant à eux, furent plus sévèrement punis, ils furent bannis et durent se réfugier dans les profondeurs de la terre, là où leur peau et leur coeurs devinrent noirs. Emportant avec eux l’Evalondëderweva. Dès lors, les Drows étaient nés. Le nom « Guerre Noire » fût donné à cette période monstrueuse en raison de la nouvelle couleur de peau de ceux qui jetèrent l’issu de cette guerre.

Ak’shel le Sage

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La Prophétie Grise

Aux Préambules du Monde, aux temps ancestraux où, encore, les dialectiques divines n’engendraient ni guerres ni fiel et où seuls les Elfes au Cœur Diaphane foulaient Merved, les cieux se firent la scène des parades courtisanes des astres, alors que le Soleil, épris de la douce rumeur de la Lune, désira de se dérober de son jour afin de percevoir les parures tant adulées de la Belle des Nuits. Prisonniers de leur ronde, le Soleil et la Lune discernèrent au fil des cycles de leur danse que pareil entreprise était chimère et utopie, enlisant leur rêve de réunion dans les affres de la désillusion. L’ambition des astres fut débattue lors des palabres des dieux, toutefois, l’opposition face à une telle rencontre demeura indéfectible. Les cycles se suivirent et se suppléèrent, dilatant toujours un peu plus la convoitise de l’astre solaire pour sa muse argentée.

la-prophetie-grisela prophetie griseVint alors le solstice, journée la plus longue offerte au Soleil au temps de son auguste règne. Tourmenté de l’ardent désir d’enfin rencontrer l’éclat de la Lune, il céda à ses envies et passions malgré les proscriptions des dieux. Étirant son déclin, s’accrochant de tous ses rayons aux terres nordiques, l’Hélianthe parvint en d’ultimes efforts à freiner son coucher et à croiser la Lune à son levé. La fusion d’un de leurs rayons fut alors instantanée, créant de la beauté de leur jeunesse éclatante une magnificence fardée d’un amour intarissable. S’unissant jusqu’aux reflets d’un immense glacier nordique, leur grise luminescence passionnée consuma le givre d’un jet à l’incandescence déflagrante, fondant de sa ferveur une gemme sacrée sur le miroir de la banquise. Les puissantes vibrations de leur liaison vint alors à faire exploser cette dernière, la scindant en deux et faisant naître de son sein une créature nouvelle ; un elfe au teint d’argent.

La jubilation de cette naissance eût toutefois courte durée, puisque de leur persistante symbiose le Soleil et la Lune créèrent une ombre, la toute première Éclipse en Merved. Recouvrant de son obscurité le nouveau-né, l’Éclipse promis ainsi un destin ténébreux à cette race nouvelle, issu de la folie des astres. L’enfant fût nommé Soluné, et son glorieux père, avant son départ, promis d’envoyer dès la résorption de son cycle, un second rayon sur le chatoiement du glacier sanctifié afin que ce dernier guide son peuple en des Jours Rédempteurs. Sa mère quant à elle, promit avant l’envol de son amant, d’envoyer elle aussi un second jet de sa candeur sur cette même glace, dès que sa ronde reprendrait son équilibre, promettant ainsi de porter le peuple en des Nuits Salutaires. L’Obscurité oppressant Soluné jura alors de revenir tout juste avant ces envoyés, afin de les confondre et d’entraver leur réunion, confinant ainsi Soluné et sa race en des ténèbres éternelles. Soluné se leva enfin, puis, d’une voix droite et forte clama qu’il porterait les tessons de la Pierre des Origines en une terre lointaine, là où les rayons prochains des astres trouveront le Fils de celui qui leur fera l’offrande d’une terre nouvelle, là où ne brilleront ni les feux des splendeurs des neiges ni les froids des ombres de la mort. Les dieux permettront que L’Éclipse se mêle un temps au sang de la somptuosité de mon père, mais des mains de ces nouveaux rayons brilleront la Promesse de l’Île Défendue. À l’agonie de notre exil renaîtra la luxuriance de la passion de nos premiers ancêtres. Le Soleil quitta alors la Lune, puis vinrent les dieux, furieux de la création de l’Éclipse, ils firent punirent la descendance illégitime des Astres par des catastrophes succinctes. Vint alors la compassion de la déesse Boréale, la Mère de la Lune. Son cœur givrée de mélancolie, elle s’étendit alors dans les neiges de ses petits au cœur droit et fort tel la voix de leur Patriarche, les protégeant ainsi des froideurs des Jours et des Nuit et jura de les guider à jamais de son Manteau Stellaire.

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Dérive en Ombre-Terre

Ce lugubre événement survint lors de mes débuts en tant que sorcier, alors que j’en étais encore à mes premiers pas en matière de dématérialisation et de voyage inter-planaire. Insouciant et audacieux, j’entrepris en ces temps de tenter de me rendre au Premier Enfer par la voie de l’éther. Cependant, novice et négligeant, j’omis l’inscription de runes majeurs et d’impériales incantations à mon rituel, faisant ainsi en sorte que je perde tout contrôle de mon périple, ignorant le plan et le lieu dans lequel mon corps reprendrait forme.

matronneMatronne en Ombre TerreTout débuta par des implosions de maelstroms lumineux prenant une trombe violente, me malmenant en des dédales inconnus et me déstabilisant en de vives turbulences. Telle la toile d’un artiste a la verve fougueuse, mon plan astral se liquéfia en aspergeant le néant qui m’engloutissait de teintes disparates. Le mariage des couleurs fantomatiques trouva solde en une épaisse obscurité, m’épousant de ténèbres vaporeuses.

La noirceur des entrailles inhumées engloutis ma respiration, il me sembla alors que mon voyage avait trouvé finalité en Ombre-Terre, celle-ci ne m’offrant aucune hospitalité. L’elfique de mes prunelles parvint à distinguer les formes sinueuses d’une rocaille meurtrière, offrant aux imprudents une scarification certaine. Des chants drows d’un chœur de matrones s’élevait de par les profondeurs d’un souterrain au simulacre de purgatoire. M’y rendant de pas lents et braves, moi, voyageur de l’astral, devint témoin d’une séance occulte à lever le cœur; sept matrones trônaient en cercle autour d’un tabernacle taillée à l’effigie d’un imposant scorpion d’obsidienne.

Se trouvait inconscient, ligoté et muselé sur cette table un elfe au derme indigo et à la chevelure blonde. Sa carrure imposante et les traits crispés et meurtris de son visage tiraient davantage de l’elfe sylvain que de l’elfe noir, je compris alors qu’il s’agissait bien de Razel le Grand, vulgairement bâillonné et victime de la tyrannie typique des drows.

Au chant des matrones se joint un sifflement strident, rappelant à mes oreilles de vieil elfe les arcanes de mon défunt maître Eztelian, du temps où il m’enseigna l’art de soumettre un démon. La vibration sonore s’amplifia, circulant d’une matrone à l’autre et dont l’écho montait en un crescendo glauque. Leurs bras aux doigts effilés se levèrent, ces dernières jubilant d’une force malsaine et invisible, elles gueulèrent en cœur un blasphème ultime; ceci anima soudainement le tabernacle d’obsidienne. L’énorme scorpion s’agita puis, dressant sa futaille chargée de toxines, il fouetta de son dard le plexus de Razel, l’écorchant profondément. L’extase des matrones me fit frissonner, moi qui, les yeux grands ouverts, put voir bleuir l’épiderme de l’elfe en chaines en un rien de temps. Non seulement la torture était totale, mais on faisait de l’ancien roi des Elfes une créature souillée jusqu’en ses veines. Agitant une dernière fois son dard, l’androctone frappa violement le sol puis figea, reprenant la froideur originelle de l’obsidienne. Les craquements et cisaillements que causa le fracas de la créature firent trembler les parois rocheuses. S’éventra ensuite le sol sous les pieds des matrones, dessinant un trajet clairement visible sur une carte gravée par les entailles crevassées.

S’écriant en drow, une matrone sembla jouir. Tout portait à croire qu’elles avaient non seulement obtenus de Lloth la faveur d’une plus grande corruption de Razel, mais voilà que se traçait devant elles la marche à suivre pour étendre leurs obscurs desseins.

Je devais faire vite, sinon ma place de choix en tant que spectateur se ferait bien vite malédiction d’un elfe trop curieux. Farfouillant ma poche, ma bague tinta sur l’émail du coquillage enchanté que m’avait légué Eztelian avant son départ. Ne sachant toujours pas ce que ce dernier pouvait m’offrir ni de quelle magie il était animé, je n’eusse d’autre choix que de tenter quelque chose pour décamper avant que ne me positionne l’une des matrones en extase.

Concentrant tous les courants des forces magiques de mon être sur la porcelaine marine, je psalmodiai quelque vers qu’entonnait souvent mon maître. Une grande chaleur s’éprit de mon thorax. Mon obscur panorama souterrain mouva, tel un océan translucide atteint par une larme, créant une onde subtile et infinie. Je m’élevai doucement et me senti dériver dans l’invisible, confiant cette fois que je trouverais pied en lieu sûr. Des échos lointains valsèrent à mes tympans elfiques, se clarifiant peu à peu, comme si je m’approchai en lévitant à des sonorités enchanteresses. Les paupières clauses, je me laissai faire tel l’enfant par sa mère, naviguant les fleuves de l’éther. Lorsque j’ouvris les yeux, j’étais étendu dans la paille d’une grange rustique situé non loin de Tamaneh. Jamais plus depuis je n’osai m’aventurer en des rites improvisés, la rencontre de ces matrones et de Razel eurent non seulement chez moi l’effet de me terroriser du peuple drow, mais m’insufflèrent de concert une sagesse qui depuis grandi encore en moi.

Croyez-moi, mieux vaut rester loin d’Ombre-Terre.

Loej Iwëm

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Songe sur la Terre Promise de Razel

En une nuit mouvementée où miasmes et fièvre firent de moi une proie bien faible, je fis un étrange songe. À la suite de mes visions, je m’empressai de rendre visite au vieux Mercator, un ami de mon père, afin de valider auprès de ses connaissances de bibliothécaire si mes rêves n’étaient que pures délires ou s’il s’agissait, tout comme ma conscience me le jurait, de fait réellement vécu il y a de cela des décennies. Vrai comme je vis, je vous le jure, le vieux Mercator m’assurra qu’il s’agissait bien d’un songe véritable, puisque ce dernier relate parfaitement des évènements entourant la création de la Terre Promise de Razel. Que celui qui a des oreilles l’entende! Le voici mon songe, la voici la triste histoire de la naissance de la Terre Promise!

Le vent me conduisit allègement en hauteurs, me faisant goûter aux doux vertiges célestes. Puis, alors que du bleu le ciel pris l’encre du noir, le vent me poussa rapidement jusqu’à m’écraser tout près d’imposantes racines.
warm_mist_by_andreasrocha-d32m9w1Forêt Magique en plein cœur d’un boisé, ma vision devint un sombre amalgame ; s’enchevêtraient les silhouettes de coureurs en paniques aux ombres lugubres d’arbres aux branches meurtrières. L’odeur musquée de l’haleine de fauves s’alliant au parfum incendié d’un brasier naissant me permit de déceler la scène d’une attaque nocturne, laquelle ayant vraisemblablement pris de surprise ces elfes courants dans tous les sens. Des gnolls, abominations sur pattes, prenaient en chasse une jeune communauté d’elfes composée de femmes, d’enfants et de soldats estropiés. Une voix puissante tentait de faire converger les elfes en un front commun, les implorant d’éviter de se séparer. Sans même apercevoir la source de la voix et malgré la frénésie irréelle de l’instant, je devins convaincu qu’il s’agissait du timbre du Grand, de Razel Evalondëderweva en personne.

Suivant la course essoufflée des elfes, moi, spectateur absent, pût distinguer malgré les ténèbres de la nuit la silhouette d’un petit elfe sylvain. Ce dernier, animé d’une naïve bravoure, tentait d’attirer un groupe de gnolls à part du peloton en fuite. Sa ruse portant fruit, ses petits mocassins piétinaient à un rythme fou et appâtaient les bêtes dans un sentier voisin de celui des siens. Son initiative permis à un groupe d’elfes de faire demi-tour pour s’enfoncer dans la nuit, se sauvant d’une position suicidaire. L’époumonement d’une femme confirma la mort d’un enfant, puis l’agonie de celle-ci. S’emballa aussitôt un funeste et glauque concert guttural des gnolls, ces derniers multipliant les assauts et les morts. Les flammes grandissantes permirent de voir les elfes tomber comme des insectes, leurs cris transis d’une frayeur démesurée firent vite de la scène un spectacle d’horreur. La course haletante du petit elfe, bien qu’honorable, ne semblait pouvoir tenir encore bien longtemps face aux puissantes enjambées de ses assaillants. Se rapprochant toujours un peu plus, leur sourire carnassier et leur respiration saccadée laissait goûter au jeune prodigue les saveurs d’une mort prochaine. La bravoure s’évanouit, l’enfant elfique pleurait, frappant sa cage thoracique furieusement, refusant de s’abandonner à une mort atroce.

Les cris des elfes agonisants meublaient toute la forêt et l’esprit du jeune elfe regrettant son audace, puis, alors que les griffes d’un gnoll déchirèrent sa veste verdoyante, le tonnerre vrombit et un scintillement jaillit, d’une si grande puissance que mes vêtements vinrent prêt s’arracher de mon corps. Cette lumière, créant un globe immense dans la forêt, emprisonna tous les gnolls ainsi que les elfes ayant tombés à leurs coups, laissant libre accès à ceux devant de s’enfoncer dans la nuit. Le petit elfe coureur parmi les rescapés, parvint à reprendre le principal sentier dans sa course effrénée, se jetant dans les jupes d’une femme.

Les cris devinrent plaintes, laissant une mince chance aux tympans le discernement d’un plan d’eau tout près. Les elfes s’étant rassemblé purent gagner les berges de cette mer épousant les arbres de cette forêt maudite en cette nuit de deuil. D’un nombre ridicule, les survivants s’entassaient les uns contre les autres, tous affolés et à bout de souffle. Le sphérique luminaire perdait en intensité, puis, la silhouette d’un elfe de grande taille se dessina devant le groupe d’elfe, ce dernier tournant dos à l’incandescente bulle. L’enfant s’empressa en sa direction.

« Père! Père! »

Répétait périodiquement le petit être.

La silhouette brandit une longue épée effilée, puis d’un élan à en faire tordre l’obsidienne, il fracassa le sol de sa scintillante claymore. Une onde magistrale foudroya la forêt, renversant le petit elfe dos contre terre. Les survivants plaqués au sol, voilà que la terre en entier se mise à trembler en une métronomie saccadée. La terre se détacha, voguant peu à peu à la dérive, séparant les ruines lumineuses du globe luminescent, Razel ainsi que les survivants. La brèche prenant rapidement une notable démesure, nul transfert ne devint possible. À la dérive, voilà qu’une partie de la petite forêt ainsi que la plage entière s’éloignait, avec elle les survivants du carnage.

« Père! Père!!! »

L’enfant, effondré dans le sable, pleurait toute les larmes de son corps.

Le Grand, héros au courage d’airain resté seul contre la horde monstrueuse, regardait s’éloigner l’îlot au loin. Arc en mains, il fît face au globe dissipant ses derniers rayons. De son visage aussi je parvint à lire des larmes, il se chuchota d’une voix douce et tremblotante :

« Adieu Lukilian»

Puis, ma vision s’estompa.

 

Fahül Maincéleste

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