Poème: Les Vergers d’Émeraudes

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Au cœur d’un illuminé boisé,

Reclus en silence dans une clairière,

Un jeune garçon, la tête aux vergers,

Cueille l’émeraude et quitte sa chair

Vogue son esprit dans un azur vanille,

Traverse une pluie de trèfles au vent turquoise.

Ses yeux rêvent des plus jolies filles,

Il s’amourache de leurs chastes idées grivoises.

Danse sur les cotons de nuages de perles,

Vrilles et plongeons couronnés d’ivresse.

L’horizon l’éblouit, sa caresse l’ensorcelle.

Son cou jubile de ne plus être en laisse

Puis le turquoise s’estompe, les trèfles retombent,

L’enfant redescend et quitte les jolies jeunes filles.

Allège, il pose pied dans un autre monde

Tout aussi euphorique que ses dernières vrilles.

De brillantes lueurs vertes le guide vers un pavé

Serti de milliers de ces pierres au jade miroitant.

Les arbres à l’écorce précieuse sont tous chargés

De fruits d’émeraudes au nectar verdoyant.

Une brise sucrée lui insuffle des fourmillements

Et le jeune garçon devient un jeune elfe.

Il hurle ses poésies aux vergers et au vent,

Et de ses doigts touche l’Idéal, devient un nef.

Toute la nuit durant, la musique l’emporte

En une danse nuptiale avec le ciel.

Fidèle époux qui sait comment faire en sorte

Que dure la passion de ce doux rituel.

L’elfe joue alors une dernière fois de sa flûte de pan,

Et salut les vergers en retournant à la verte pluie.

Son retour par les cieux est alors des plus somnolents

Puisqu’il rêve déjà des gemmes et des jeunes et jolies.

La turquoise mistral le borde dans ses draps,

Puis le quitte en une douce bise.

L’elfe reprend alors la forme qu’il se doit,

Puis rêve de ses nouvelles promises

La tête pleine de trèfles et de rires,

Il caresse déjà l’idée de recueillir l’émeraude.

Dhyluiel Gamacha

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Lhrinshabelle et les Amants de Givre

Le Mont Lhrinshabelle : Morne Duaurien situé aux frontières de Risnell, la citée gnome. Reconnu pour ses belvédères antiques offrant un panorama somptueux des Mers de Glaces et de Duaure, le Mont Lhrinshabelle est également réputé comme étant la scène où prit lieu la légende des Amants de Givre. Récit relatant d’un jeune couple d’elfes éperdument amoureux qui, par un radieux jour d’hiver, serait aller tracer des anges dans les neiges du Mont Lhrinshabelle et y consumer leur amour. L’intensité de l’instant aurait déclencher une avalanche et enseveli la demoiselle. Son amant, enseveli de chagrin, aurait patienter des lunes sans bouger, y givrant de tout son corps. D’autre version raconte qu’il s’y serait pendu à un saule. Dans toutes les versions de ce conte, on déclare que les spectres des Amants de Givre rôdent le mont Lhrinshabelle et, lorsqu’aperçu par les voyageurs et alpinistes, provoquent chez eux le dévoilement de leurs secrets et leurs peurs, affichant ainsi au grand jour le fond du cœur de chacun, comme l’évoque l’histoire de ces jeunes amants.

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Les Amants de Givre

Ils y oublièrent l’aurore et les prénoms
Nageant dans la neige y empreignez des anges
Leurs langues au ciel, happant les flocons
Reproduisant les rires de leurs jeunesses blanches

Ils entrelacèrent leurs buées et leurs joues rouges
Cheminant Lhrinshabelle jusqu’à l’épuisement
Leurs corps chauds et leurs ailes qui bougent
Sublimèrent la neige de son ventre croulant

L’avalanche ensevelit la toute belle, il frissonna d’émoi
S’éternisant sur le mont jusqu’à ce que ses cils s’y givrent.
Son amour et ses mains s’ankylosèrent sous l’insistance du froid
Il la rejoint pour naviguer les mers de neiges jusqu’à leurs rives

Ils y oublièrent l’aurore et les prénoms
Nagèrent dans la neige pour y devenir des anges
Yeux au ciel, le cœur en déflagration,
Avant de mourir, il l’enneigea de louanges

Leur angélus y vrombit, marié des sérénades de l’ocarina,
Résonnant sur des parois constellées de lierres.
Au fond du Puits où se fusionnent flammes et froid,
Se mêlent de vaseux printemps à de fastes hivers.

Les parois rutilantes reflètent la verdure,
L’écho de ses prières se fait guttural et rauque.
L’éclat louche des neiges devient obscur,
L’oubliette mirifique croupie et tombe au glauque.

L’abysse aux merveilles, tombeau des amours pendus,
Là où leur féerie s’est enlacée de l’horreur.
Tréfonds, spectres et phobies y sont mises à nues,
L’abysse aux merveilles dite le fond de leur cœur.

Et de leurs baisers exhaustifs et de ses cils givrés
Les neiges séraphiques en gardèrent à jamais la livrée.

Lizandel Encresang

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