Aux Préambules du Monde, aux temps ancestraux où, encore, les dialectiques divines n’engendraient ni guerres ni fiel et où seuls les Elfes au Cœur Diaphane foulaient Merved, les cieux se firent la scène des parades courtisanes des astres, alors que le Soleil, épris de la douce rumeur de la Lune, désira de se dérober de son jour afin de percevoir les parures tant adulées de la Belle des Nuits. Prisonniers de leur ronde, le Soleil et la Lune discernèrent au fil des cycles de leur danse que pareil entreprise était chimère et utopie, enlisant leur rêve de réunion dans les affres de la désillusion. L’ambition des astres fut débattue lors des palabres des dieux, toutefois, l’opposition face à une telle rencontre demeura indéfectible. Les cycles se suivirent et se suppléèrent, dilatant toujours un peu plus la convoitise de l’astre solaire pour sa muse argentée.
la prophetie griseVint alors le solstice, journée la plus longue offerte au Soleil au temps de son auguste règne. Tourmenté de l’ardent désir d’enfin rencontrer l’éclat de la Lune, il céda à ses envies et passions malgré les proscriptions des dieux. Étirant son déclin, s’accrochant de tous ses rayons aux terres nordiques, l’Hélianthe parvint en d’ultimes efforts à freiner son coucher et à croiser la Lune à son levé. La fusion d’un de leurs rayons fut alors instantanée, créant de la beauté de leur jeunesse éclatante une magnificence fardée d’un amour intarissable. S’unissant jusqu’aux reflets d’un immense glacier nordique, leur grise luminescence passionnée consuma le givre d’un jet à l’incandescence déflagrante, fondant de sa ferveur une gemme sacrée sur le miroir de la banquise. Les puissantes vibrations de leur liaison vint alors à faire exploser cette dernière, la scindant en deux et faisant naître de son sein une créature nouvelle ; un elfe au teint d’argent.
La jubilation de cette naissance eût toutefois courte durée, puisque de leur persistante symbiose le Soleil et la Lune créèrent une ombre, la toute première Éclipse en Merved. Recouvrant de son obscurité le nouveau-né, l’Éclipse promis ainsi un destin ténébreux à cette race nouvelle, issu de la folie des astres. L’enfant fût nommé Soluné, et son glorieux père, avant son départ, promis d’envoyer dès la résorption de son cycle, un second rayon sur le chatoiement du glacier sanctifié afin que ce dernier guide son peuple en des Jours Rédempteurs. Sa mère quant à elle, promit avant l’envol de son amant, d’envoyer elle aussi un second jet de sa candeur sur cette même glace, dès que sa ronde reprendrait son équilibre, promettant ainsi de porter le peuple en des Nuits Salutaires. L’Obscurité oppressant Soluné jura alors de revenir tout juste avant ces envoyés, afin de les confondre et d’entraver leur réunion, confinant ainsi Soluné et sa race en des ténèbres éternelles. Soluné se leva enfin, puis, d’une voix droite et forte clama qu’il porterait les tessons de la Pierre des Origines en une terre lointaine, là où les rayons prochains des astres trouveront le Fils de celui qui leur fera l’offrande d’une terre nouvelle, là où ne brilleront ni les feux des splendeurs des neiges ni les froids des ombres de la mort. Les dieux permettront que L’Éclipse se mêle un temps au sang de la somptuosité de mon père, mais des mains de ces nouveaux rayons brilleront la Promesse de l’Île Défendue. À l’agonie de notre exil renaîtra la luxuriance de la passion de nos premiers ancêtres. Le Soleil quitta alors la Lune, puis vinrent les dieux, furieux de la création de l’Éclipse, ils firent punirent la descendance illégitime des Astres par des catastrophes succinctes. Vint alors la compassion de la déesse Boréale, la Mère de la Lune. Son cœur givrée de mélancolie, elle s’étendit alors dans les neiges de ses petits au cœur droit et fort tel la voix de leur Patriarche, les protégeant ainsi des froideurs des Jours et des Nuit et jura de les guider à jamais de son Manteau Stellaire.