De la Morte Veine à la Vallée des Enselhas

Les pages que vous vous apprêter à lire sont issues de faits véridiques dans ma vie ainsi que celle de mes chers amis et cousins de race; Ulic Kel’Dromä et Ayanantanazer Ikoma. Cette chronique relate des temps où l’Aranor du contingent gris ayant élu domicile en Solmyr à cette époque, soit l’elfe gris nommé Exar, était aux prises avec un vilain mal, une malédiction ayant laissée son être entre deux mondes, son corps sans âme. Voici donc le résumer de cette odyssée, dans laquelle nous débutons au moment où nous venions tout juste de secourir Dame Sayari DeBeufelth, elfe réputée au sein de notre peuple pour ses dons initiatiques.

La prophétie

Nous étions sur la route en direction d’Aeth, chacun d’entre nous ressassaient les derniers évènements en sa pensée, soit la libération de dame Sayari de chez ses agresseurs. De plus, Ulic semblait évaluer l’ampleur du risque qu’il prenait en se dirigeant vers cette contrée, puisqu’Aeth fit prisonnier lui et ses frères dans le passé. Le ciel était radieux et nous purent distinguer au loin les reflets argentés de l’astre solaire dansant sur le Lac Cyan. Des parfums aquatiques et de fleurs sauvages valsaient au nez des cavaliers, le vent nous offrant la richesse des subtilités de la flore. Moi, Lukilian, eût à mainte reprise l’auguste chance de me rendre près de ce lac enchanteur, et là furent nombreux les évènements surréels auxquels j’ai été témoin. Arrivée aux berges du Lac, Aya commanda une pause, remplissant son outre de l’eau pure du plan aquatique. la musique du vent devint étrangement mélodieuse, comme sil’endroit était bercé d’une force supérieure. Chacun d’entre nous respectait le silence, observant la beauté du lac, pur mystère naturel présent depuis les Premiers Jours. Puis, comme en symbiose avec le rythme du vent, le lac sembla émettre des pulsions sourdes et apaisantes, comme celles d’un cœur soulagé dilatant l’harmonie.

foret-mysterieuseUne force Forêt Mystérieuseinvisible était à l’œuvre, tous pouvaient clairement la ressentir. Puis, des ondes se dessinèrent sur le rive Est du lac, comme si une brise les soufflait aimablement. Notre attention fut donc portée sur cette région ondoyée du lac et c’est alors que nous virent tous cette merveille: un asperi. Une créature merveilleuse ayant l’apparence d’un cheval blanc au crin bleutée telle une incandescente glace, qui galope dans le ciel avec une légèreté angélique. N’ayant pas les ailes du pégase, cette créature étonne toutefois par la fougue et la vitesse avec lesquelles elle traverse le ciel.

Aya, Ulic, Sayari et moi étions en contemplation totale devant l’animal. Celui-ci galopait sur le miroir de l’eau, tournoyant sur l’étendue du Lac Cyan dans une danse de laquelle se dégageait une candeur féérique. Puis, en un instant, le ciel s’obscurcit, le vent souffla en bourrasques et l’aspéri s’affola. Ruant les airs, la bête semblait combattre la tempête de ses sabots d’argent. Le ciel se fît rapidement gris et le vent souffla avec force et frénésie. C’est alors que d’un petit boisé non loin de la rive Ouest se fît entendre une lugubre cacophonie. Une horde de corbeaux se déploya dans le ciel et ces obscurs carnassiers prirent d’assaut l’asperi, ce dernier toujours à la surface du lac. La créature équestre ruait les oiseaux de malheurs, se débatait dans tous les sens et poussait des cris d’effrois. Les corbeaux tournoyèrent autours de ce dernier, leur nombre étant si imposant qu’il devint impossible de distinguer l’ange chevalin. Leur mouvement devint unitaire, leur donnant les formes d’une imposante marée au plumage noir qui tourbilonnait sous les cieux orageux.

Puis le tonnerre fit un grondement sourd et lorsqu’enfin la foudre déchira le ciel, tout redevint calme en un instant. Les corbeaux s’envolèrent dans toutes les diresctions et disparurent Mystérieusement, il ne resta rien de l’aspéri, disparu ou envolé, nous ne le surent jamais. Le ciel redevint clair et bleu en une vive dilution, les rayons du soleil reprirent leur danse sur le reflet du lac et le chant des cigales entonna de nouveau ses couplets.

Sayari prit parole, apeurée:

 » Cette vision! Cette vision vous était destinée voyageurs de Solmyr! Vous êtes maudits! Votre place n’est pas ici, vous devez regagner vos terres! Le mal, les ténèbres s’abattent sur vous! Qu’avez-vous fait? Qu’avez-vous donc fait pour attirer telle abomination? Rentrez-vite, avant que la noirceur ne ronge les carcasses de vos frères! Les nuées de corbeaux gagnent non seulement les plaines de votre pays, mais également l’âme des vôtres!  »

J’étais stupéfait, cette vision d’une si grande intensité m’avait laissé coi et stoîque. Voilà maintenant cette sombre prophétie déclarée par Sayari, mes pires doutes semblaient se concrétiser et prendre formes. Je compris la gravité de l’heure mais je continuais à être persuadé de l’importance de ce voyage, mes inspirations avaient été impératives : je devais emmener Ulic ainsi qu’Aya aux connaissances que seul mon peuple détenaient. Le temps manquait, je me dis que forcément, il devait y avoir une méthode, un moyen plus rapide pour procéder, pour gagner contre le sablier et nous sauver à subir tout le délais nécessaire du voyage. Osant quérir l’aide de notre amie, je demandai :

 »Dame Sayari, je comprends que l’heure est grave et que nous devons rentrer en Solmyr, toutefois le but de notre voyage est fort noble, nous souhaitons atteindre ma terre natale afin d’y consulter les bibliothèques et ainsi accroître notre savoir, tout ceci pour favoriser notre défense contre les ténèbres. En raison de la vitesse à laquelle les évènements se bousculent, croyez-vous qu’il vous serait possible de nous aider à atteindre Shoulvaïrah le plus tôt possible, soit à l’aide de lvos dons de téléportation? »

Anxieux, j’espérais de tout cœur que la prophétesse aux cheveux d’or ne nous renverrait pas en Solmyr avant l’accomplissement de notre pèlerinage.Cetres, l’imppérialité de l’heure était évidente, mais sans une visite dans les bibliothèques des miens, nous ne pourrions alors rien espérer face à l’avenir de la Cité du Renouveau.

Suite à mes propos, Ulic me sembla plutôt mal à l’aise, il renchérit :

« Aranor est encore sans âme et la seule personne apte à lui rendre celle-ci c’est vous Lukilian. Bien que notre quête soit d’une importance capitale, elle ne supplante en rien notre devoir de veiller sur lui, et je n’accepterai pas qu’il lui arrive quelquonque mal en notre absence, causé par un voyage trop long. Alors si il y a un moyen de se rendre en vos terres et de revenir le plus rapidement possible, alors je continuerai, sinon, nous repartons tous. »

Sayari ferma les yeux un instant, elle semblait concentrée au point que rien ne l’aurait atteint. Aya, silencieux et réflexif, n’osa briser la concentration de notremythique invitée. Elle ouvrit enfin les yeux, puis, d’un geste vif et grâcieux posa ses douces paumes contre mes bras.

 » Vous envoyer devant la Morte Veine, ce sentier maudit, me serait possible. Par contre, tu connais les rites Lukilian, il ne m’est pas permis de leur faire accéder Shoulvaïrah sans traverser le sentier…mais oui, je peux vous y téléporter. »

Lança l’elfe au crin doré.

Elle prit alors l’épaule d’Ulic puis s’approcha de lui. D’une voix presque muette elle lui murmura:

 » Certaine connaissance mène à un niveau de conscience supérieure, soyez averti qu’après l’atteinte d’un certain niveau, il devient impossible de faire marche-arrière et de retourner dans le confort de l’ignorance, Il vous faudra assumer vos choix. Ulic, votre âme est pure, sachez que vous serez parfois seul à voir certaines choses mais ne craignez pas, vous saurez quoi faire en temps et lieux. »

Puis finalement, elle posa sa main sur le cœur d’Aya et plongea son regard dans le sien. Après un instant de silence, elle lui dit:

«Ta loyauté sera à la fois ta meilleure arme et ton pire ennemi, sache distinguer la sagesse de la folie.» Puis elle lui fit un clin d’œil.

Se reculant, elle leva les bras au ciel, ferma les yeux puis souffla. Tout devint subitement noir, je crois bien que nous perdîmes connaissance.

La Morte Veine

Aya se réveilla le premier, constatant que nous étions à présent au sein d’une sombre forêt, devant un sentier aux arbres morts et inquiétants. Sayari avait disparue, nous confiant à notre destin par sa magie. La température ambiante des lieux étant très fraîche, Ikoma grelottait, et ce, malgré sa résistance naturelle aux durs climats duauriens. L’elfe gris se demanda même si l’origine de ses tremblements et claquements de mâchoires n’étaient pas plutôt reliés à à la vision d’horreur que lui offrait ce que l’on nommait la «Morte Veine», cet long et sinueux sentier forestier où les conifères et feuillus semblaient morts-vivants, où la terre cendrée et sertie d’osselets ne baignait que dans l’ombrage des buissons épineux. Sous l’insistance d’Aya, il semble que je sortis finalement de ma torpeur causée par le transfert téléportatique. Me redressant en étirant ma musculature en de mouvements souples, je secouai mes vêtements puis j’inspirai profondément. Je me souviens clairement de cet instant et de toute l’énergie qui fulgurait en mon être, amorçant une transe bien connue de ceux de mon sang, je clamai en m’agenouillant:

 »Gloire à Ehlonna des Forêts, que soit sanctifiée et remerciée sa protégée, Dame Sayari DeBeufelth Que la Morte Veine nous conduisent au Coeur Sacré de l’Ordre Diaphane et que chacun d’entre nous, sous les lueurs de notre audace, affronte la Mort pour découvrir la Vie! »

À mes mots, un zéphyr souffla à travers les branches du sentier de la Morte Veine, faisant ainsi craquer le bois, créant une musique lugubre. Je souris, me relevai puis attendit qu’Ulic reprenne toute conscience, afin de leur donner les dernières indications avant la traversée du sentier maudit. Je me souviens de tout le mal que j’avais à contenir mon sourire à cet instant, bien que je savais que l’heure était grave, je savourais tout de même avec grande excitation la traversée prochaine de la Morte Veine, et ce, bien que je sois l’un des seuls à offrir pareille réaction à cette épreuve.

Tentant de motiver Aya et Ulic, mes mots furent les suivants :

 »Le sentier est en soi une épreuve. Échouer sa traversée est synonyme de mort, une mort atroce. Il vous est encore possible de choisir de rebrousser chemin mes frères, de ne pas affronter la Morte Veine. Toutefois, une fois débutée, il ne vous sera pas possible de revenir sur votre décision. Sachez amis que le danger est grand, mais qu’il n’y a qu’une seule et simple règle pour réussir votre parcours: Regardez droit devant et ne vous arrêter jamais de courir à fond. Sachez aussi qu’au bout de cette route aux multiples laideurs se trouve la plus pure des beautés et que le jeu en vaut franchement la chandelle! »

Je m’approchai alors de l’entrée du sentier là où déjà des yeux jaunes s’ouvrirent des ombres et nous toisèrent, regardant Ulic et Aya je terminai mes conseils:

 »Vous n’aurez qu’à me suivre le plus rapidement possible, et ne pas vous arrêter. Je serais votre guide, vous devez avoir foi en moi….alors, on y va? »

Tout en serrant ses avoirs et équipements prestement contre lui, Ulic ronchonna :

« Il n’y a bien que les elfes sylvains pour faire de telle chose. Allez, va, nous te suivons »

Je savais qu’Ulic voulait paraitre fort et solide, ce qu’il était d’ordinaire. La mort ne l’effrayait pas. Tous les elfes gris étaient préparés à cette étape qui, si trouvée dans la pure loyauté et l’honneur de leur sang, allait les mener vers Lumya, déesse des constellations et mère des Elfes Gris. Heureux de voir que mes compagnons de voyage avaient une bravoure aussi grande, je respirai un grand coup et m’élançai enfin dans la Morte Veine tête première,.

D’une course effrénée et frénétique., je courrai de toute mes forces, sautant de souches en racines, me donnant des élans sur des troncs d’arbre et atterrissant toujours au pas de course et prenant une allure fulgurante. Me suivirent d’un pas tout aussi rapide les deux elfes gris, encore curieux de savoir pourquoi j’exigeais autant de la part de mes mocassns. Le suspense ne dura point, la réponse fut subite. La forêt tout entière se mise à bouger, les branches des arbres s’animèrent tels des bras tentant de nous faucher. Des lianes sèches et épineuses, semblables à des serpents d’écorce difformes, se mirent en chasse après nous, en imposant une rapidité et une agilité incroyable. Par tous les moyens possibles, les ronces tentaient de nous agripper les chevilles, de nous briser le cou ou de nous fendre le crâne. La totalité de la végétation de la forêt nous poursuivait dans une course démentielle. Mis à part quelques plaies mineures, telles des écorchures et des abrasions superficielles, nous parvinrent à nous tirer du premier sprint à bon compte, la nature morte toujours à nos trousses. Puis, alors que notre ascension prenait plus d’intensité et que notre chorégraphie de coureurs commençait à s’ébrécher, la silhouette immobile d’un petit garçon apparu devant nous dans le sentier, ce dernier suçant son pouce et serrant son poing de peur. Nous purent tous distinguer de loin qu’il était de la race des elfes gris, Ulic lui, fut le seul en cet instant à le reconnaître réellement; il s’agissait de lui-même étant enfant.

Les troncs d’arbres devant nous se tordirent et les racines surgirent vivement du sol, mettant le petit Ulic en très mauvaise position. Notre trio allait passer non loin de lui, tandis qu’une liane épineuse fonçait directement en sa direction. Ulic sentit le temps se figer autour de lui, malgré le fait qu’il se mouvait toujours à ma suite dans une vive cadence. Démené de questions face à cet enfant, sa copie conforme dis-je même, .la mémoire de Kel’Dromä devint telle des lumières stroboscopes, l’envahissant de moult souvenirs de son enfance. Il se secoua la tête et continua sa course, tout en réfléchissant le plus vite possible au choix qu’il devait prendre; s’arrêter ou continuer. Le temps pressait, nous étions sur le point d’arriver à la hauteur de son enfant homonyme.

Ulic doutait de la véracité de sa vision mais d’autre part, il savait bien que cet enfant allait être sauvagement tué par la forêt s’il n’agissait pas…il allait mourir, lui Ulic…. Le gris se flagellait de questions, cet enfant menacé était-il une prémisse de ce qui l’attendait s’il osait continuer dans cette forêt? serait-ce là la personnification de sa propre vie?…et ainsi devait-il se sauver lui-même pour assurer sa survie…? Ulic ne connu jamais le délais qu’il prit à ré.fléchier tant les choses se précipitaient, mais semble-t-il que lui revint en tête mes paroles :

« […] Sachez amis que le danger est grand, mais qu’il n’y a qu’une seule règle pour réussir votre parcours: Regardez droit devant et ne vous arrêter jamais de courir […] « 

Et c’est ce qu’Ulic décida de faire, tentant de garder le rythme et de suivre ses amis. Il ne put toutefois repousser l souhaits de ses pensées envers lui-même : « Sois fort petit Ulic, ta vie ne trouve pas sa fin ici, puisque j’y suis moi-même. Alors, déjà dans le passé, tu as vaincu cette forêt. » Ces dernières pensées lui réaffirmèrent sa décision et il fonça droit devant à travers les branches, faisant totale abstraction de la vision de son passé et de son avenir qui se décidait peut être à ce moment. Ikoma suivit la démarche d’Ulic, ignorant lui de même l’enfant déjà en proie aux abominations végétales. Notre trio courait toujours à pleine capacité et lorsque nous atteignirent tout juste l’enfant, ce dernier fit un clin d’œil à Ulic puis s’évapora en fumée, une liane traversant les vestiges de son image se ficha dans le tronc d’un arbre voisin. Puis, la végétation sembla accélérer, prendre une cadence plus rapide. Je me mis alors à sauter en bonds, dessinant une trajectoire aléatoire à travers les dédales de la Morte Veine. Se dressa alors devant nous un énorme essaim d’abeilles, ce dernier fondant droit sur nous. En même temps, des myriades de fleurs aux pétales d’un violet sombre s’ouvrirent sous nos pieds, comme si la nature tentait de nous distraire par ses attraits les plus séduisants. Nous osâmes traverser l’essaim d’abeilles à toute vitesse, ne sentant rien sur nos visages. Pures illusions, encore. C’est alors que cessèrent les multiples éclosions des fleurs violettes, pour être cette fois remplacer par une pluie de fleurs de cerisier, des sakuras, l’emblème même de la famille d’Aya. Ce dernier entendit alors une mélodie somptueuse, puis tout autour de lui, la forêt devint magnifique, enchanteresse. Il ne semblait plus entendre ni voir les ronces et les plantes qui nous poursuivaient. Le boisé devint clairière pour lui, ses yeux suivirent les rayons du soleil qui étaient reflétés sur une pièce d’armure au loin; c’était Exar Kun, l’Aranor des Gris.

Se tenant bien droit, il marchait doucement en leur direction. Invitant Aya à marcher à sa suite… Bien qu’à bout de souffle, nous étions en cet instant toujours au pas de course,.Aya, pour sa part, freina sa cadence à une distance approximative de cinq pas d’Aranor. Essouflé et emporté par la beauté nouvelle des lieux, Aya s’arrêta, soumis à son chef. Le décor redevint alors l’originel; une nature cadavérique, enrhumée de couleurs macabres et horrifiantes. Aranor changea également, n’étant plus du tout d’apparence allège et pacifique. Il devint monstrueux, le visage atrophié, les yeux noirs et creux dans leur orbite, dents acérées, langue fourchue, cornes d’ébène. Ses bras longs et maigres fauchèrent le vent, de sorte que ses mains aux doigts affilés et griffues tentent d’agripper Aya. Cette forme monstrueuse d’Exar poussa un cri sourd et puissant en direction d’Ikoma, ce dernier ressenti alors une atroce douleur aux tympans. La scène s’enchaîna en une fraction de seconde, dès qu’Aya ralentit le pas. J’eusse conscience de tout cet évènement malgré ma course, je fis alors un vif demi-tour et je plaquai de toutes mes forces Aya, ce dernier étant figé d’un effroi surnaturel devant la créature. Puis, à l’aide d’Ulic, je relevai vivement ce dernier et tous nous reprirent rapidement notre course, Ikoma reprenant du coup ses esprits. Cependant, un acouphène intense semblait torturer son ouïe, comme si l’écho du cri de la bête résonnait sans cesse dans les tréfonds de crâne. La créature nous pris en chasse, fauchant le vide en tentant de nous attraper, crachant un venin rouge et claquant ses mâchoires devenues béantes. Fort heureusement la traversée de la Morte Veine tirait à sa fin. Au loin, nous purent apercevoir l’entrée d’une petite grotte située en plein centre de la route, rappelant celle qu’un ours se serait improvisée par soir d’automne. Je criai:  »Sautez dans la tanière! » Ce que chacun d’entre nous fît, et ce juste à temps pour éviter les griffes mortelles de la créature. Les ronces et lianes se fracassèrent à l’entrée de notre grotte, écrasant de ce fait la bête avant qu’elle ne puisse pénétrer. La Morte Veine était vaincu, nos efforts constants et surhumains furent l’assise de notre réussite.

Shoulvaïrah et La Vallée des Enselhas

Une chute d’environ deux mètres nous accueilli dans la tanière, puis chacun d’entre nous s’écrasèrent contre un sol en terre celui-ci recouvert d’épines de pin et de plumes blanches.Tour à tour, nous prirent le temps d’inspirer à pleins poumons, reprenant du mieux possible notre souffle si chèrement vendu. J’inspectai mon corps et découvrit de nombreuses plaies ; paumes ouvertes et saignantes, côtes fellées, cheville tordue…l’adrénaline chutait et je sentais monter les douleurs.

Lorsqu’enfin fut retrouvé un semblant d’équilibre respiratoire, Je murmurai : ‘‘ Shoulvaïrah » C’est alors qu’une lueur bleutée naquit devant nous, à une distance d’environ quinze mètres plus loin, au fond de la tanière. La lueur s’intensifia puis illumina peu à peu l’endroit, nous découvrant les murs et la voûte faite de terre et de racines. La tanière était en fait une chambre souterraine, dans laquelle. se dressaient en son centre quatre colonnes faites de pierres taillées. Au centre de celles-ci se trouvait un petit bassin d’eau encastré dans le sol, le tout prenant les allures d’un stonehedge. Les lueurs bleutées prirent des teintes argentées et ondulèrent la surface de l’eau du bassin, nous rappelant un peu les rayons dansant sur la surface du Lac Cyan préalablement rencontré. Je m’’approchai à pas lents et respectueux de la source pour solennellement y entrer et m’y baigner.

Ulic réussit également à se redresser, malgré l’énorme fatigue et les vives brûlures de ses poumons, il ne cessait plus d’être stupéfait de tout ce qu’il venait de vivre et de ce qui se trouvait alors devant ses prunelles. Il s’approcha du bassin et me questionna :

« Nous devons nager là-dedans pour nous rendre à la cité elfique? »

Aya pour sa part, éclata d’un fou rire incontrôlable. S’époumonant de ce dernier, tout portait à croire que la chute de l’adrénaline chez lui provoquait des symptômes délirants. Il se laissa tomber sur le dos et rit durant un long moment en remerciant Lumya, les yeux perlant de larmes de joie. Le cou violacé par l’emprise d’une liane et son armure écorchée par les épines, nul douleur ne semblait ralentir l’entrain de sa rate. Il reprit enfin un air sérieux et demeura un long moment en position assise, plus pensif et grave. Il sembla qu’Ikoma se mit à se culpabiliser, je savais qu’il était un être exigeant envers lui-même et qu’il avait bonnement cru que l’épreuve de la Morte Veine était terminée au moment de la rencontre d’Aranor sous la pluie de sakuras, son geste n’avait eut rien de stupide. Toujours en train de nager dans les eaux chaudes du bassin, je décidai de briser le silence en invitant mes amis à me rejoindre dans cette baignade luminescente.

« Allez,venez découvrir la grandeur des mystères des Elfes de Lumière!»

Dès son entrée dans l’eau, Kel’Droma senti une vague d’énergie parcourir son squelette et se figer au creux de son plexus, réchauffant sa poitrine de sensations nouvelles et exaltantes. Tous ses muscles se détendirent, les douleurs disparurent, son souffle revint calme et régulier. L’eau enchantée ne semblait pas exercer sur lui la même résistance que l’eau conventionnelle, plus légère, plus facile à contrôler. Ulic vît, à chacun des piliers de pierre, une lumière d’une pure blancheur se manifester. Les lumières s’intensifièrent, tout en restant douce pour les yeux. Malgré cette vision qui lui était offerte, l’elfe gris demeura étonnamment calme, détendu. Ulic prit conscience que mes mains étaient redevenues intactes et que nulle trace de plaie ne figurait à présent sur mon corps. Même mes vêtements avaient recouvrient leur intégrité.

Les lumières se mutèrent et prirent alors forme, elles devinrent quatre archanges aux ailes majestueuses. L’un portait une armure de plaques scintillanted et un arc d’argent en bandoulière, le second, vêtu d’une toge rouge cramoisi signée de bordures d’or, tenait une large claymore cristalline. Le troisième du lot, torse nu, avait le corps recouvert de tatouages aux symboles mystiques, les jambes habillées d’une robe blanche et bleu ciel et tenait en ses mains un massif marteau de guerre fait d’argent. Le dernier, vêtu d’une toge émeraude aux bordures de bronze, était encapuchonné et serrait entre ses phalanges un calice d’or dont la coupe était pleine d’un nectar violet. Leur regard convergeait tous vers Ulic, puis sur moi-même.

Je regardai Ulic et lui dis:  »Sayari te l’avais bien dit! » Puis je lui flanquai un clin d’œil.

Vint alors Aya dans le bassin, lui aussi ressentit les mystiques sensations provenant de l’eau, son corps récupérant ses forces, sa nuque retrouva sa souplesse et son teint de pierre. Toutefois, ses oreilles continuaient de souffrir du hurlement de la créature. Ayanantanazer ne vit pas les archanges ni les lumières, mais il saisit tout de même qu’il se tramait quelque chose de paranormal lorsque son regard croisa celui de son frère de sang, ce dernier contemplatif et transcendé.

Une fois encore, je mis terme au silence : »Bon, allez amis, il est temps d’atteindre les terres de mes ancêtres. »

Sur ces derniers mots, je souris puis plongeai, nageant à toute vitesse vers le fond du bassin. Mes acolytes partirent à ma suite, découvrant la facilité avec laquelle il pouvait nager dans ces eaux. Le fond du bassin devenu tunnel à notre vue semblait vraiment très profond, tous ne voyait qu’une mince lumière au loin.

La nage devint presque un jeu, puisque tout mouvement coulait avec une grâce inouïe, comme si nous étions en plein vol sous l’eau. Après un certain temps, Ulic et Aya furent stupéfaits de se rendre compte qu’ils n’avaient nullement besoin de respirer, l’énergie leur étant procurée au plexus comblait parfaitement l’oxygène. Plus Aya s’enfonçait dans l’eau, plus la pression sur ses tympans se faisaient intense, puis, lorsque l’acouphène devint insupportable, il s’estompa aussitôt. Dans sa tête parla alors une voix féminine et aussi réconfortante que celle d’une mère.

 » Tes intentions étaient noble mon fils, ton cœur voulait simplement aider cette vision d’Aranor. Tu as été pur, si pur que tu n’as point vu le mal qui se cachait sous des apparences de bien. Cela te sera rendu, tu peux être fier de la droiture de ton âme. Tu m’as humblement remerciée, à mon tour de le faire »

Puis, son ouïe redevint totalement intacte, même qu’elle semblait plus développée qu’auparavant. Lumya lui avait offert un doux présent, l’instant était saint et miraculeux pour l’elfe gris. Ulic quant à lui voyait nager avec nous des anges, non pas ceux vu précédemment, mais de jeunes chérubins nageant en tourbillonnant autour de nous, riant de ce jeu et amusé du sourire de l’elfe. Le fond était enfin à notre portée, ce qui se prêtait à notre vue était en tout point semblable de l’endroit même d’où nous avions plongés. Vrai, ce fut comme si nous avions fait demi-tour, un bassin en tout point semblable formait la fin du tunnel qui, par une force magique grandiose, semblait vaincre tout loi de gravité.J’émergeai le premier, et quittai le bassin en attandant que mes invités marche à ma suite, ceux-ci découvrant alors une chambre souterraine identique à celle que nous venions de quitter. Vraiment, vous auriez dût voir l’air qu’ils avaient à cet instant, on aurait dit qu’il venait de voir Dee tout nu.

S’aidant les uns les autres à sortirde la tanière en escaladant le mur terreux, nous a atteignirent tous trois e trou de la grotte faisant office de sortie. Devant nous ne se trouvait pas cette fois la Morte Veine comme nous aurions pût le croire, mais bien une très vaste vallée verdoyante, à la nature merveilleuse et luxuriante. Le panorama radieux reposant sous un ciel magnifique. Arbres et fleurs exotiques parsemaient le paysage tandis que non loin de nous, au centre d’une plaine, s’érigeait une très haute tour de rubis reflétant les rayons solaire et baignait ainsi la vallée de lueurs vermeils. Quelques bâtiments à la magnifique architecture elfique entouraient la tour, créant l’image d’un petit village paradisiaque Au loin, des cascades d’eau turquoise frappait des éperons de roches au scintillement argenté. Vierge et immaculée, la vallé de mon peuple se paraît de beautés si grandes qu’en rougiraient un paon!

Je respirai l’air à plein poumons et tirai mes bras au ciel. Je me retournai par la suite vers mes invités et dit:

 »Bienvenue dans la Vallée des Enselhas! Dernier maquis de mon peuple et cité bénie par les âges!’’

Leur laissant un temps pour contempler les lieux, je renchéris ensuite avec quelques indications :

«La bibliothèque est située dans l’Ehloël’Dhala, la Tour Écarlate de mon peuple. Vous pouvez vous y rendres, ils sont au courant de votre venue et vous y attende. Pour ma part, j’ai quelque petites choses à faire au village, rejoignez-moi ici dès que vous en aurez terminé, nous repartirons alors pour Solmyr. Profitez bien de l’instant, après tout, ce qui nous attend à notre retour sera probablement très sombre étant donné l’obscure vision prophétique dont nous furent témoins. Bienvenus dans la Vallée des Enselhas mes frères!»

Puis je quittai en direction des boisés longeant mon village natal, braisant un batônnet de tabac en humant la fumée bleue. Je laissai mes amis gris profiter de leur séjour tandis que je courru rejoindre les miens.

C’est ici que se termine notre chronique, bien que vous lecteurs sachiez bien que notre arrivée en cette vallée n’est en rien la fin de notre périple. Toutefois, par respect de mes comparses et du secret de notre odyssée, je préfère garder le mystère sur la finalité de ses évènements. Sachez toutefois que grâce à cette épopée enlevante, Ikoma, Ulic et moi purent venir en aide à Aranor lors de notre retour et qui plus est, tenter du mieux de nos nouvelles connaissances et de nos forces à rivaliser avec l’avènement de la prophétie de Dame Sayari, soit la venue des Corbeaux d’Ébaÿl en Solmyr.

Mais cela, c’est une autre histoire…

-De la Morte Veine à la Vallée des Enselhas : extraits tirés de L’Odyssée Grise –

Lukilian Evalondëderweva